J’ai eu l’occasion de présenter aux étudiants le cycle de vie d’un projet avec ses 4 grandes étapes : définition du besoin, développement, mise en production et exploitation. Il me semble intéressant ici de voir le parallèle entre les méthodes pédagogiques que nous utilisons et ce cycle de vie.
1 -Les problèmes
La pédagogie par problème s’organise autour d’une situation ‘bancale’ (par exemple ici) où l’objectif est justement de cerner le problème et définir les zones à éclaircir. Petit à petit, les étudiants vont découvrir des pistes pour avancer dans sa résolution. Cela nécessite donc un travail récurent de questionnement, de recherche (internet, interview, bibliothèques, etc…), d’analyse et d’exploitation de ressources repérées. Suivant le sujet posé, il peut être judicieux de laisser une place plus ou moins importante à la créativité des étudiants.
Cette pédagogie colle bien avec l’aspect « définition du besoin » : à partir d’une difficulté repérée, on cherche à définir un cahier des charges qui spécifiera la solution. L’objectif est alors d’éclaircir les zones d’ombres, de définir explicitement le contexte et l’attente du client.
2 – Les projets
C’est clairement l’étape suivante de notre cycle de vie : on part du cahier des charges du client et on développe le produit. Il faut tout de même noter une différence certaine entre le projet en entreprise et le projet de formation : si en entreprise, le projet est orienté vers un produit fini, en formation, le projet est orienté vers l’apprentissage. On peut encore découper l’apprentissage par projet de l’apprentissage du projet …
Il est à noter que l’étape « mise en production » de notre cycle de vie peut aussi faire l’objet d’un projet, aussi bien en entreprise qu’en formation.
3 – Et l’exploitation ?
Tiens c’est vrai ça! Que fait-on pour développer les compétences nécessaires à l’exploitation ? La question se pose spécifiquement pour les formations initiales. On peut penser aux stages mais ils s’appuient souvent sur un projet de stage. On peut aussi envisager la rencontre/visite du service Exploitation d’une entreprise : c’est une très bonne sensibilisation au métier, mais cela ne peut tenir lieu de formation. Alors que proposer ? Pour apprendre à exploiter, rien de mieux que d’exploiter ; et les nouvelles technologies peuvent permettre de créer des situations pertinentes grâce à la simulation. Prenons un exemple : comment former des étudiants à l’exploitation forestière ? Le sujet est choisi volontairement pour sa durée dans la vraie vie (de 30 à 80 ans selon les espèces d’arbres).
Il me semble que l’on peut identifier deux facteurs principaux intervenant sur une exploitation forestière qui sont le climat et les travaux d’entretien. Si l’un des facteurs n’est pas maîtrisable, l’autre correspond exactement à ce que l’on entend par « travail d’exploitation ». Il paraît possible de mettre en place un outil, se basant sur une exploitation réelle, qui permettrait de retracer l’évolution d’une exploitation en accélérant le temps. Ainsi, si l’on part du principe qu’une année réelle se simule en une semaine (ce qui revient à 1 jour et demi par saison), on peut retracer environ 30 ans d’une exploitation sur une année scolaire. Une telle simulation permettrait de confronter les étudiants à des situations plausibles au niveau des aléas climatiques (sécheresse, tempête, …), de prendre conscience du budget que représente un tel projet, et de comprendre l’impact, dans la durée, des décisions prises à un instant donné. Cela n’interdit pas d’aller faire des visite sur site pour comprendre tel ou tel aspect de l’exploitation mais apporte une vision d’ensemble avec un certain recul. Les technologies permettent alors d’accélérer le temps, sans confusion possible entre le réel et le virtuel…
Et l’aspect technologique, me direz-vous ? Quand on sait faire des Tamagotchi et des logiciels de course au large (pour ne citer que ces exemples), on devrait pouvoir réaliser, sans trop de difficultés, des simulateurs de beaucoup de processus intéressant à exploiter …
4 – Conclusion
On peut donc représenter de façon cartographique ces différentes approches en s’appuyant sur le cycle de vie du projet. Cela permet de bien voir la complémentarité des pratiques pédagogiques et de les situer en fonction des objectifs opérationnels visés par la formation.
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