En mettant en parallèle différents schémas déjà utilisés sur ce blog, il me paraît intéressant de comparer ces deux situations (professionnelle et d’apprentissage) afin d’en repérer les similitudes et les différences. Enfin, on pourra se poser la question : « Comment une situation professionnelle peut-elle favoriser l’apprentissage ? »
Les schémas supports de cet article sont d’une part le schéma du professionnel compétent (déjà présenté ici) réalisé à partir de l’article de Guy Le Boterf et reproduit ci-dessous
L’autre schéma vient de Marcel Lebrun et est expliqué en vidéo de façon sympathique et détaillée ici.
1 – Le contexte et son analyse
Le premier point qui m’a poussé à faire le rapprochement entre ces schémas est que tout cela se passe dans un contexte qui cadre les acteurs et les activités. Il existe cependant une grande différence entre les deux approches : si l’enseignant peut dans une plus ou moins grande mesure choisir le(s) contexte(s) qu’il souhaite proposer aux apprenants, l’entreprise a beaucoup moins de latitude. Par la mise en place d’un contexte, l’enseignant va chercher à créer les conditions favorables à l’apprentissage, que l’on retrouve sous le terme de pouvoir agir dans l’autre schéma.
De plus, alors que le professionnel est relativement seul pour analyser ce contexte, l’apprenant est accompagné par son enseignant qui le soutient et/ou le guide dans cette analyse.
2 – L’activité
Elle se retrouve au centre des deux schémas (sous le terme activité ou agir) car c’est là que l’acteur mobilise ses compétences pour arriver à ses fins (produire et apprendre).
3 – La production
Si la production du professionnel a une finalité marchande, la production de l’apprenant est plus de l’ordre du chef d’œuvre, pour valider/prouver les compétences développées.
4 – La motivation
Elle se retrouve sous l’appellation vouloir agir dans le schéma du professionnel. C’est un des deux moteurs de l’action que l’on retrouve bien dans ces deux schémas.
5 – Les informations ou ressources
Elles sont sélectionnées et choisies dans la situation d’apprentissage alors qu’elles sont à chercher ou reconstruire dans la situation professionnelle. Dans tous les cas il est essentiel de capitaliser pour progresser. Un autre schéma (toujours à partir des travaux de Le Boterf présenté ici) catégorise les ressources que peut mobiliser un professionnel. Cela peut donner des pistes sur les ressources prioritaires à construire/développer dans le cadre d’une formation.
Il est à noter que le professionnel développe ses compétences en pratiquant une analyse réflexive sur ses pratiques. Il est ainsi dans une dynamique d’apprentissage tout au long de la vie.
6 – Les interactions
Voilà un élément qui n’est pas présent dans le schéma du professionnel compétent. Est-ce à dire que ça n’est pas un élément spécifique et que cela fait partie du contexte, peut-être ? C’est pourtant le deuxième moteur du schéma de M. Lebrun. Il est de toutes façons présent dans les interactions au sein d’un groupe de travail, d’une équipe de projet, de la hiérarchie (ascendante et descendante), des collègues en général, notamment lors de la pause… Autant de facteurs d’interaction plus ou moins formelle, qui sont des occasions d’avancer dans son travail et ses apprentissages. Pour cela, il est essentiel que les échanges questionnent, analysent, explorent les pratiques et démarches. C’est le rôle de l’enseignant quand il anime une séance d’analyse de pratiques ou relit le déroulement d’une activité.
7 – Alors, pour favoriser/faciliter l’apprentissage au travail, que faut-il ?
Deux aspects me semblent ressortir dans ces deux situations analysées :
la diversité des contextes : si elle est recherchée dans la situation d’apprentissage, elle est subie dans la situation professionnelle. Cette monotonie des contextes risque de limiter le professionnel dans son développement des qualités d’analyse et de choix des compétences à mettre en œuvre.
l’accompagnement : le rôle essentiel d’accompagnateur/tuteur qu’a l’enseignant ne se retrouve pas toujours en entreprise, il est d’ailleurs explicitement mis en avant dans toutes les phases de formation sur site (stage, alternance, …) sous le titre de tuteur ou maître de stage. Qu’en est-il dans la vie professionnelle ‘courante’ ? Il revient à chacun de se ‘débrouiller’ pour mener ces phases d’analyse, que ce soit pour analyser le contexte ou pour relire une expérience. Cela nécessite d’être autonome et d’avoir des compétences dans l’apprendre à apprendre et/ou d’avoir un réseau de collègues qui accompagnent ce processus plus ou moins consciemment.
Ainsi, pour répondre à la question initiale, il me semble qu’une situation professionnelle est propice à l’apprentissage lorsqu’elle propose des contextes variés et que la personne a les ressources nécessaires (personnellement ou dans son entourage) pour soutenir une dynamique d’analyse et d’apprentissage. Cela confirme bien qu’il ne peut y avoir de réponse universelle à priori et qu’à chaque fois, il faut mettre en perspective les trois pôles que sont l’entreprise, la personne et les objectifs d’apprentissages (portés par l’organisme de formation dans le cadre d’une formation en alternance), l’objectif de ces échanges étant de définir une convergence d’intérêt entre les différentes parties.
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