Et si la salle des profs était un espace de coworking …

J’assistais récemment à une table ronde autour des questions de télétravail et coworking. Les échanges m’ont interpellé et fait pensé que les enseignants peuvent être assimilés à des télétravailleurs qui passent une partie non négligeable de leur temps à travailler chez eux. Or, ces espaces de coworking accueillent les télétravailleurs et leur proposent un contexte inspirant et ‘socialisant’. Serait-il fou de concevoir la salle des profs d’un établissement scolaire comme un tel espace ?

Ce billet se veut exploratoire, il soulève une question autour d’un lieu présent dans tous les établissements du second degré. Il ne se veut ni polémique, ni critique …

Quelles sont les caractéristiques d’un espace de coworking ?

Deux éléments les caractérisent :

Un espace de travail partagé : Les locaux sont accueillants et, si possible, organisés en espaces modulaires. Beaux, ils donnent envie d’y passer du temps et sont adaptés au nombre d’enseignants. Équipés en wifi, ils permettent de venir travailler avec son matériel personnel. D’un côté, l’espace est calme pour tous ceux qui travaillent en solo ; de l’autre, des outils sont à disposition pour aider à la créativité : un espace collectif, confortable, où l’on peut écrire sur les murs est accessible pour les personnes qui veulent monter un projet ou échanger sur une problématique particulière.

Un réseau de personnes : Les coworkers ne sont pas tous enseignants, la différence enrichit ! Ainsi, ce sont des artistes, des commerciaux de passage, des entrepreneurs, des indépendants ou d’autres personnels de l’éducation nationale qui peuvent venir, passer un temps, apporter leur regard et leur expertise ou demander un conseil sur un sujet qu’ils ne maîtrisent pas. Des événements récurrents (repas partagés, accueil des nouveaux, …) permettent de tisser des liens entre les membres du réseau et créent une réelle convivialité.

Qu’est ce que cela change ?

Le premier changement est que les enseignants y passent du temps. Ils ont un vrai lieu de travail qui permet de bien découpler la vie professionnelle et la vie familiale et ça, c’est un vrai progrès pour leur qualité de vie au travail. Ils peuvent facilement rencontrer leurs collègues et mieux les connaître. Cela entraîne le développement d’un véritable esprit d’équipe autour du projet d’établissement et est un terreau fertile pour faire naître des projets collectifs. Les coworkers non-enseignants apportent une ouverture sur le monde : ils peuvent partager leur quotidien mêlé de difficultés et de réussites. Ils sont un ancrage pour relier les enseignements au quotidien du monde du travail qui ne se limite pas au monde de l’éducation.

En est-on si loin ?

Cela dépend beaucoup des établissements. Si aucun établissement n’accueille de personnes extérieures dans cette logique de coworking, des équipes pédagogiques ont des pratiques proches de celles présentées ci-dessus. Il me semble (ce n’est qu’une impression, toute personnelle, qui n’est fondée sur aucune étude) que la taille de l’établissement et le type de public accueilli peuvent être des critères différenciant :

  • Les salles des profs n’ont pas toutes des dimensions adaptées. Il me semble que si leur taille actuelle est bien adaptée pour faciliter la cohabitation de ces différentes modalités de travail dans certaines structures, cela est loin d’être généralisé dans tous les établissements.
  • Les équipes confrontées à un public ‘difficile’ ont besoin de se serrer les coudes et ces pratiques soutiennent le collectif et permettent de construire une solidarité très bénéfique.

L’accueil de personnes extérieures et l’approche ‘lab’, autour du travail collectif et de la créativité, me semblent intéressantes et pourraient être testées dans un esprit ‘établissement ouvert’. Cela rejoint tout à fait les idées présentées dans le rapport ‘Vers une société apprenante’ qui propose :

De nombreuses enquêtes ont mis en évidence l’isolement des enseignants français et leur difficulté à travailler en équipe. Cet isolement constitue un frein à la coopération, à l’expérimentation et à  l’essaimage des pratiques. Les salles de professeurs et les centres de documentation et d’information (CDI), où il est en général difficile d’échanger […] ne sont pas conçus pour des travaux collaboratifs. […] Si l’on souhaite favoriser la coopération entre les enseignants, et leur rencontre avec des partenaires extérieurs, les encourager à documenter leurs pratiques et à mener des projets, l’aménagement d’espaces et de temps dédiés à ce type d’activités semble de plus en plus nécessaire. Ces lieux doivent être accueillants et ouverts sur l’extérieur, aux parents et aux partenaires, et  ils doivent être conçus et équipés de manière à stimuler la créativité et à permettre le développement de projets.

On peut déjà repérer des points de blocage liés aux contraintes d’ouverture hors temps scolaire et à l’utilisation de matériels personnels pour accéder à internet, mais des solutions peuvent sûrement se trouver.

Quoi qu’il en soit, un tel projet ne peut s’envisager qu’en partenariat avec les collectivités territoriales et peut être porteur de sens pour dynamiser un territoire rural. Alors, quelqu’un veut-il essayer ?

Crédit photo : CC-BY-SA opensourceway https://www.flickr.com/photos/opensourceway/4427310974

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