Intelligence collective à distance : déployer un forum’express

Nous avons organisé l’année dernière un forum’express pour faire cogiter des enseignants de l’académie impliqués dans le numérique. L’idée fondatrice était de proposer une transposition en ligne d’un forum ouvert en concentrant les échanges sur une durée très courte (32h, entre le mardi matin et le mercredi soir) afin de soutenir une vraie dynamique sans assommer les participants. Nous vous partageons toutes les sources pour que vous puissiez essayer cette modalité de travail en intelligence collective.

Voici le visuel que nous avions alors utilisé pour présenter le dispositif aux participants

La transposition de l’événement d’une modalité sur site à une modalité en ligne a été organisée comme suit :

Élément caractéristique Dans un forum ouvert (sur site)
Dans un Forum’Express (en ligne)
Participants : « Les personnes présentes sont les bonnes » Invitation + ou – ouverte Inscription du public cible + ouverture en auto-inscription
Gestion du temps : « Ça commence quand ça commence » et « Quand c’est fini, c’est fini » Cadrage strict des différents temps du forum ouvert Cadrage strict de la durée globale du Forum’Express
Temps de ‘brise glace’ / présentation Plein de solutions possibles : présentation auprès de ses deux voisins, par exemple Forum de présentation : ‘Dans quel état suis-je au début de ce Forum’Express ?’
(réponse avec 1 mot + 1 photo)
Initiation des ateliers (temps de divergence) Temps en début de journée pour définir l’ordre du jour Ouverture de nouveaux sujets sur le forum, au fil de l’eau. Chaque sujet du forum correspond à un atelier
Place des marchés Planning évolutif de la journée, en fonction des propositions des participants Page d’accueil du forum regroupant l’ensemble des fils de discussion
Vote pour choisir les idées à approfondir (temps de convergence) Avec des gommettes, par exemple En utilisant le ‘like’ du forum et/ou en comptabilisant le nombre de contributions sur chaque sujet
Organisation des temps de convergences Rotation comparable aux ateliers de divergence Utilisation d’un PAD pour chaque proposition à raffiner
Grand journal Espace de capitalisation des restitutions des ateliers Page de capitalisation des différents PAD
Cercle de clôture 1 mot, chacun son tour L’aspect asynchrone du Forum’Express rend ce cercle de clôture compliqué à mettre en place. Avez-vous une idée à proposer ?
Prévoir un temps synchrone pour clore l’événement ?

Plusieurs personnes à qui nous avons présenté cette animation en ligne nous ont incité à partager la structure de ce cours moodle. Alors voici les ressources :

  • Le gabarit (archive .mbz) ;
  • Le document de prise en main détaillant l’adaptation de la trame à votre contexte, le déroulé type, la gestion des PADs, la mobilisation des participants, l’animation, la gestion des réseaux sociaux, la synthèse ;
  • Les éléments particuliers à m@gistère (contenus des étiquettes pédagogiques qui peuvent s’insérer sur une plateforme Moodle classique comme des étiquettes)

N’hésitez pas à les utiliser : elles sont là pour vous rendre service ! Si vous pouviez en plus nous faire un petit retour d’expérience après utilisation, cela nous fera tous progresser.

En vous souhaitant de bons échanges dans vos futurs forum’express… 😉

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Les besoins des élèves à distance : créer un cadre

Nous vous proposons d’analyser l’évolution du contexte de travail d’un élève dans le contexte actuel de confinement et de continuité pédagogique. A partir de cet état des lieux, nous verrons les leviers actionnables pour faciliter son engagement dans la durée.

1 – Le contexte de travail de l’élève

La situation d’un élève qui travaille chez lui n’est pas comparable à celle d’un élève en classe. Il suffit de regarder deux photos de ces contextes pour en prendre conscience.

Si la salle de classe est un lieu collectif, où se retrouve le groupe classe pour travailler dans un contexte piloté par l’enseignant, la chambre est un lieu intime et sans contrainte, où l’on se retire pour être seul, se reposer ou se détendre. La chambre est ainsi le lieu de la procrastination quand la salle de classe est le lieu dédié aux apprentissages.

Cette différence de contexte induit une différence radicale dans l’approche du travail scolaire selon que l’élève est en classe ou chez lui.

A domicile, les élèves ont deux besoins fondamentaux pour se mettre au travail :

  • une organisation qui les aide à structurer leur temps et leur cadre de travail ;
  • des activités qui suscitent l’engagement.

Ce premier article aborde la question de l’organisation du travail des élèves à distance en abordant deux aspects fondamentaux : l’importance des consignes et la place des parents.

Avant d’aller plus en avant, nous pouvons déjà faire un constat : Le cadre de l’école est structurant. L’activité d’apprentissage se déroule dans un lieu spécifique, avec des horaires définis ; elle est coordonnée et portée par un enseignant. Tous ces éléments sont à construire à domicile : comment aider l’élève à organiser son cadre de travail et son temps sur la journée, la semaine ?

2 – L’importance des consignes

Les enseignants peuvent apporter des éléments d’organisation dans les consignes de travail qu’ils transmettent aux élèves. Si l’on prend les consignes du CNED, on peut faire ressortir quelques conseils pratiques utiles (quitte à les transposer ou les modifier pour les adapter à la réalité de chacun). Les éléments clés sont surlignés en jaune dans le texte original ci-dessous.

Exemple de consignes du CNED sur le site collège

  • Il y a une répartition des discipline par journée : cela induit qu’il y a une coordination entre les différents enseignants pour répartir la charge sur la semaine.
  • Des tests sont proposés avec une auto-correction pour se positionner. Cela permet de présenter à l’élève le contenu qui va être abordé et l’aide à rentrer dans l’activité. Ils peuvent être utilisés aussi à la fin de l’activité pour vérifier la compréhension et la maîtrise de la notion présenter.
  • L’élève peut choisir le parcours qu’il suivra, le test peut l’aider à choisir mais il n’est pas tenu de respecter la proposition. Nous verrons dans le prochain article que cette démarche de laisser une possibilité de choix aux élèves est un élément important de motivation et d’engagement dans l’activité.
  • Des conseils sont donnés sur l’organisation du temps de travail : on peut le découper en plusieurs tranches mais chacune doit durer au moins une heure pour réaliser une séance complète. De même, préciser une durée indicative pour les activités proposées est d’une grande aide pour s’organiser. Enfin, il peut être utile d’indiquer spécifiquement ce qui est incontournable et ce qui l’est moins.
  • On peut reprendre son travail là où on l’a laissé, on sait où l’on en est, ce que l’on a fait et ce qu’il reste à faire. Cette notion de cohérence du travail dans la durée est essentiel : l’élève a besoin de pouvoir se repérer dans son apprentissage et savoir où il en est et où il va.
  • Un petit mot encourageant pour terminer le message « bon travail ! » pour donner du cœur à l’ouvrage …

L’analyse de cette consigne permet de faire ressortir les éléments d’aide à l’organisation et de soutien de la motivation des élèves. Tous les éléments abordés sont importants, libre à chacun de les présenter comme il le souhaite, avec la forme et le ton qui lui convient. A ce titre, il peut être pertinent de transmettre parfois ces consignes avec un enregistrement oral ou vidéo pour incarner la relation et maintenir le lien social entre l’enseignant et ses élèves.

Dans ce premier temps de continuité pédagogique, il semble important de mettre en place des méthodes de travail (apprendre à travailler) et d’apprentissage (apprendre à apprendre) qui seront utiles pour la suite du confinement mais aussi après le retour à la normale.

3 – La place des parents

Il est très compliqué de suivre l’emploi du temps ‘officiel’ à domicile. Les élèves doivent avoir une organisation qui leur permette de travailler toutes les matières sur la semaine, avec une certaine souplesse pour prendre en compte les contraintes familiales locales.

Les parents peuvent tenir une place pour soutenir leurs enfants dans cette organisation. Toute l’organisation de la maison est à penser avec les contraintes de classes virtuelles sur internet des uns et des autres, la disponibilité limitée du matériel informatique, le suivi des devoirs, … Cette coordination ne peut se faire que localement et les parents y ont toute leur place.

Pour faciliter cela, il peut être intéressant de présenter aux parents l’organisation mise en place par l’équipe pédagogique, exactement comme cela se fait lors des réunions de rentrée. La nouvelle organisation mise en place mérite d’être présentée et expliquée pour qu’elle soit soutenue par les parents à domicile.

4 – A suivre …

Nous avons vu quelques éléments simples et efficaces à intégrer aux consignes pour aider les élèves à s’organiser ainsi que la place que peuvent prendre les parents pour aider leurs enfants et soutenir cette organisation. Nous verrons dans le prochain article les éléments liés à l’engagement des élèves.

Accompagner les enseignants pour la mise en place du projet expérimental et numérique

Les nouveaux programmes du lycée font apparaître dans le programme de l’enseignement scientifique de première un projet expérimental et numérique sur une durée d’une douzaine d’heures. Lors d’échanges avec des collègues concernés par cet enseignement, nous avons compris que de nombreux enseignants n’étaient pas à l’aise avec cette démarche d’apprentissage par projet. Pour répondre à ce besoin, la DANE de Dijon propose un accompagnement pour mettre en place une tel dispositif.

1 – L’objectif visé

Nous proposons un accompagnement sur 5 semaines pour questionner tous les éléments à anticiper lors de la mise en place d’un tel projet avec des élèves. A la fin de cet accompagnement, les enseignants participants auront définis une trame globale pour mener ce projet avec leurs élèves.

Nous nous appuyons sur le programme défini au BO rappelé ci-dessous :

Le projet s’articule autour de la mesure et des données qu’elle produit, qui sont au cœur des sciences  expérimentales. L’objectif est de confronter les élèves à la pratique d’une démarche scientifique expérimentale, de l’utilisation de matériels (capteurs et logiciels) à l’analyse critique des résultats.

Le projet expérimental et numérique comporte trois dimensions:

    • utilisation d’un capteur éventuellement réalisé en classe ;
    • acquisition numérique de données ;
    • traitement mathématique, représentation et interprétation de ces données.

Selon les projets, l’une ou l’autre de ces dimensions peut être plus ou moins développée. L’objet d’étude peut être choisi librement, en lien avec le programme ou non. Il s’inscrit éventuellement dans le cadre d’un projet de classe ou d’établissement. Ce travail se déroule sur une douzaine d’heures, contiguës ou réparties au long de l’année. Il s’organise dans des conditions matérielles qui permettent un travail pratique effectif en petits groupes d’élèves. La dimension numérique repose sur l’utilisation de matériels (capteur éventuellement associé à un microcontrôleur) et de logiciels (tableur, environnement de programmation).

Prérequis et limites

Ce projet remobilise certains acquis des classes antérieures : mesure et incertitudes, manipulation de capteurs et microcontrôleurs, données structurées et leur traitement, information chiffrée et statistique descriptive, utilisation d’un tableur et d’un environnement de programmation. L’objectif n’est pas d’introduire des notions nouvelles.

2 – L’accompagnement proposé

L’accompagnement va se dérouler en 2 étapes principales.

a) La mise en œuvre d’une démarche de projet : réflexion collective

Étalé sur 4 semaines, cette phase permettra de construire une réflexion collective sur le projet expérimental et numérique, chaque semaine correspondra à une étape, abordant un aspect spécifique :

  1. Les objectifs du projet et les activités réalisables
  2. L’évaluation du projet
  3. L’engagement des élèves dans le projet
  4. La place de l’enseignant dans le projet
Nous proposons chaque semaine :
  • des éléments de réflexion ;
  • deux ou trois activités à réaliser (inventaire, forum, …)

Au cours de cette étape, vous construirez votre trame permettant la mise en place de ce projet dans vos classes.

b) Lecture croisée des trames

A la fin de ces 4 semaines, vous pourrez partager votre trame de façon anonyme pour une relecture entre collègues. Cela vous permettra de voir des organisations différentes et d’avoir des retours sur votre organisation qui enrichiront le travail de chacun.

3 – Les modalités pratiques

a) Organisation temporelle

Le parcours d’accompagnement débutera le 18 novembre 2019. Il est prévu totalement à distance. Nous estimons la charge de travail hebdomadaire à 1 heure 30.

Chaque semaine, vous seront proposés :

  • Des éléments de réflexions qui nécessitent entre 5 et 15 minutes (selon la quantité de ressources proposées, vos connaissances et l’intérêt que vous portez au sujet).
  • Des questions pour vous aider à construire votre projet progressivement. Le partage de vos réflexions sur le forum et la lecture des propositions des collègues nécessiteront 45 minutes par semaine environ.

3 classes virtuelles rythmeront le parcours aux dates suivantes :

  • lundi 18 novembre, de 19h à 19h30, pour vous présenter l’équipe de formateurs, le parcours et la logique de l’accompagnement proposé ;
  • vendredi 29 novembre, de 12h30 à 13h, pour faire un point d’étape sur les deux premières semaines ;
  • vendredi 13 décembre, de 12h30 à 13h, pour faire un deuxième point d’étape et présenter l’analyse croisée.

b) Inscription

Cet accompagnement est proposé en inscription libre, ouvert à tous les enseignants qui interviennent sur l’enseignement scientifique de première. Pour vous inscrire, il suffit de cliquer sur ce lien et de vous identifier sur m@gistère avec vos identifiants académiques :

https://magistere.education.fr/ac-dijon/course/view.php?id=7487

Dans l’attente de vous retrouver le 18 novembre !

Ce que je retiens du MOOC ‘Vers une planète apprenante’

Je me suis inscrit au MOOC ‘Vers une planète apprenante’ pour voir, parce que le sujet m’intéresse beaucoup. Je vous propose ici un rapide retour d’expérience des deux heures que j’y ai consacrées.

1 – Les 4 modèles d’apprentissage

Un questionnaire est proposé lors de la première semaine du MOOC pour savoir quel est notre mode d’apprentissage privilégié. Je synthétiserai les 4 types d’apprenants du modèle à partir d’une des phrase du document de présentation comme suit :

  • Individuel hiérarchique : Les contenus académiques sont la base de l’apprentissage ;
  • Individuel distribué : Les apprenants apprennent pour et par eux-mêmes, pour développer leurs connaissances et leurs compétences propres :
  • Collectif hiérarchique : Le personnel encadrant a pour mission de créer les conditions sociales favorables à l’apprentissage ;
  • Collectif distribué : En assumant tout à la fois les rôles d’enseignement et d’apprentissage, les individus génèrent, alimentent et sont les garants de la communauté d’intérêt.

2 – Les résultats et l’analyse que j’en fais

Je n’ai pas été très surpris des résultats : je suis fortement en phase avec le type individuel distribué (80%), très en phase avec les deux types collectifs (65% et 70%) et beaucoup moins en phase avec le modèle individuel hiérarchique (33%).

Un détail vient aiguiller ma réflexion.

Je suis un adepte de l’apprentissage individuel distribué : j’aime me nourrir de ressources variées et intégrer les apports que j’y trouve à mes représentations. De nombreux articles publiés dans ce blogs sont initiés par une lecture ou le visionnage d’une vidéo et les quelques modèles que j’ai construits sont le fruit de ces apports successifs. Le schéma Comment j’apprends explicite toujours bien ma démarche :

Mon EAP en 2013

Par contre, je suis convaincu que nos élèves ne sont pas spontanément des apprenants individuels distribués et ne savent même pas quel est leur modèle d’apprentissage préféré. Ainsi, quel que soit le modèle qui leur convient, il faut les accompagner pour les faire progresser vers une démarche d’apprentissage en continu, construite et autonome. Et il me semble que le modèle collectif hiérarchique (que j’avais modélisée sous le nom de pédagogie ouverte) est le plus adapté pour mettre en place cet accompagnement. J’avais d’ailleurs abordé ce distingo entre le modèle d’apprentissage pour moi et celui pour des élèves dans cet article : Pourquoi je n’enseigne pas comme j’apprends ?

pédagogie ouverte

Cette approche permet, de plus, d’ouvrir chaque élève à un ensemble de possibles en matières de modalité d’apprentissage et les prépare aux différentes approches distribuées, que ce soit individuellement ou collectivement.

Enfin, je vois deux éléments qui me font basculer dans le mode collectif distribué :

  • Le partage : je me nourris des partages de mon réseau, et j’espère le leur rendre en partageant ici mes réflexions et sur twitter mes trouvailles. C’est, me semble-t-il, une première approche constructive dans une communauté d’intérêt ‘informelle’
  • Des projets collectifs : je pense que les projets sont des contextes où l’intérêt du collectif prime sur l’intérêt personnel et m’incite à co-apprendre.

Je crois que je vais m’en tenir là pour mes contributions à ce MOOC : je préfères picorer que suivre un parcours complet : cela correspond plus à mon style d’apprentissage individuel 😉 Merci à ceux qui l’ont préparé et monté, même en n’y consacrant que peu de temps, cela m’a donné l’occasion de faire une petite rétrospective bien plaisante et d’ajouter un peu de cohérence à mes représentations.

En vous souhaitant de bonnes vacances …

Travailler l’efficience de nos formations

Nous avons un soucis constant de faire évoluer nos formations pour en augmenter l’impact et l’efficience. Quelques éléments récents nous laissent entrevoir des pistes intéressantes à explorer. Nous devons encore confirmer nos intuitions et premières expérimentations mais les premiers retours nous semblent très positifs.

1 – Approche par l’évaluation

Nous cherchons en priorité à ce que nos formations aient un impact sur l’activité des enseignants en classe afin d’améliorer les apprentissages des élèves. Cela nécessite d’intégrer dans les parcours de formation des temps où l’enseignant applique avec des élèves, ce qu’il a appris, construit, ou développé lors des temps formels de formation. Pour que ces temps de ‘pratique en situation professionnelle’ soient riches et formateurs, il faut prévoir un accompagnement et une analyse réflexive de chacun sur ce qui s’est vécu.

Cette démarche nous permet de changer de niveau d’évaluation de nos formations en dépassant la réaction à chaud pour analyser les effets de la démarche proposée sur l’engagement des élèves, la qualité des apprentissages réalisés et la volonté des enseignants à utiliser ce qu’ils ont appris dans d’autre situations. On passe ainsi du niveau 1 (satisfaction à chaud) au niveau 3 (évolution des comportements) du modèle de Kirkpatrick.

2 – Approche par le contexte

L’article situation professionnelle, situation d’apprentissage compare les deux contextes pour analyser leurs différences. Il en ressort trois éléments principaux qui caractérisent une situation de formation :

  1. Elle est orientée vers l’apprentissage ;
  2. Elle recherche la diversité des ‘mises en situations’ pour développer les compétences ;
  3. Un accompagnement spécifique est organisé.

L’article se termine en concluant « une situation professionnelle est propice à l’apprentissage lorsqu’elle propose des contextes variés et que la personne a les ressources nécessaires (personnellement ou dans son entourage) pour soutenir une dynamique d’analyse et d’apprentissage. »

Cette analyse tend à penser qu’il faut ‘créer des mises en situations’ et accompagner nos stagiaires dans une démarche apprenante.

3 – AFEST : une évolution de la loi

L’Action de Formation En Situation de Travail est maintenant une modalité de formation reconnue par la loi. C-Campus propose un livre blanc sur l’organisation pratique de cette modalité où il rappelle l’importance de l’accompagnement et de l’analyse réflexive, la possibilité d’adapter l’activité de travail et la nécessité d’évaluer en amont (positionnement) et en aval de la formation. Il relève dix techniques pédagogiques éprouvées qui semblent intéressantes à articuler :

  • la mise en situation :
    • le doublon où le tuteur montre comment réaliser une tâche avant de la faire réaliser par l’apprenant ;
    • la résolution de problèmes en commun ;
    • la mission apprenante où l’apprenant réalise une mission pour découvrir une nouvelle façon de faire ;
    • l’immersion terrain où l’apprenant est plongée dans un autre contexte pour découvrir d’autres organisations possibles.
  • l’analyse réflexive :
    • le feedback qui consiste à faire un retour à l’apprenant sur une réalisation qu’il a faite en s’appuyant sur une grille d’observation ;
    • le retour d’expérience (REX) où c’est l’apprenant qui fait un retour sur son expérience, qu’elle soit positive ou négative pour capitaliser et mutualiser ;
    • le rapport d’étonnement où l’apprenant partage ses observations sur une situation professionnelle ou un collectif de travail.
  • la présentation d’informations :
    • le parcours d’intégration ;
    • l’explication flash qui est l’explication d’une notion simple ou d’un principe de façon synthétique ;
    • la formation flash qui est une formation de courte durée avec un petit groupe.

4 – Une organisation possible

Pour expliciter concrètement comment nous comprenons ces différents éléments, voici un ‘scénario type’ que nous mettons en place dans cette logique. Il semble important et riche de mettre en regard l’activité du formateur, l’activité du participant et les ‘techniques pédagogiques’ mises en œuvre.

Temps de la formation

Activité du participant

Activité du formateur

Technique pédagogique mise en œuvre

À distance
1h d’activité, environ

  • Présentation des participants à travers un forum ;
  • Mise à disposition (d’extraits) de ressources qui peuvent être institutionnelles ou issues de conférences ;
  • Une interpellation sur les pratiques et/ou les représentations des participants.
  • Sollicitation de l’engagement de façon pro-active ;
  • Accompagnement technique (connexion, identifiants, accès aux ressources, …) ;
  • Accompagnement pédagogique (explicitation des consignes) ;
  • Rapport d’étonnement

En face à face

1 journée

  • Retour sur le travail réalisé à distance ;
  • Apport de connaissances théoriques sur le sujet ;
  • Présentation d’outils et/ou de démarches pertinents ;
  • Initiation d’un travail d’application exploitable en classe avec les élèves ;
  • Présentation d’informations ;
  • Accompagnement sur la définition de la mise en situation spécifique ;
  • Accompagnement technique sur les outils et/ou la scénarisation pédagogique ;
  • Explication flash
  • Formation flash
  • Doublon
  • Résolution de problème en continu

A distance sur quelques semaines

  • Finalisation de l’application avec les élèves ;
  • Mise en œuvre effective avec les élèves ;
  • Accompagnement technique sur les outils et/ou la scénarisation pédagogique ;
  • Mission apprenante

A distance

1h30 en classe virtuelle

  • Analyse réflexive des expérimentations ;
  • Évaluation de l’impact et de la démarche mis en œuvre ;
  • Pistes d’amélioration pour augmenter la pertinence de l’outil ou de la démarche.
  • Accompagnement de l’analyse réflexive ;
  • Feedback
  • REX (retour d’expérience)

5 – En conclusion

Cette organisation a été testée sur quelques parcours et a donnée de très bons résultats : les enseignants apprécient l’intérêt de pouvoir mettre en œuvre ce qu’ils découvrent en formation, de pouvoir prendre un temps d’analyse a posteriori pour mieux comprendre ce qui s’est vécu et enfin d’enrichir leur expérience par les retours des autres participants.

Il nous paraît aussi important d’essayer de pousser plus loin la logique en ne voyant pas l’AFEST que comme une mise en pratique de ce qui a été appris lors d’un regroupement mais aussi un espace-temps d’apprentissage en lui-même. Cela pourrait par exemple s’envisager pour accompagner notre équipe de formateurs pour voir comment cette expérience de formateur d’adultes avec des modalités hybrides vient interroger et enrichir leurs pratiques quotidiennes avec les élèves.

Affaire à suivre …

Les communs pour aborder la culture numérique

Lors de notre journée du GRANE (Groupe de Réflexion Académique sur le Numérique Educatif), nous avons abordé les communs pour analyser comment ils peuvent nous faire entrer dans la culture numérique. Ce travail s’est réalisé en 3 temps :

  • Quels biens partageons-nous en commun ?
  • Analyse de différents communs
  • Quels communs pourrions-nous mettre en place dans nos écoles et/ou établissements ?

1 – Les communs partagés

Le premier temps d’échange sur les biens communs partagés a été l’occasion de lancer le sujet, avec des échanges sur la différence entre communs et biens communs. Il est ressorti des discussions plusieurs biens que nous avons en commun comme la terre, la langue, la nature, …

La synthèse s’est faite autour de la représentation issue de BIENS COMMUNS – La prospérité par le partage de Silke Helfrich, Rainer Kuhlen, Wolfgang Sachs, Christian Siefkes qui nous semble recenser la diversité de ces biens communs regroupés en trois ‘familles’ : nature, culture et communauté.

2 – Analyse de différents communs

Dans un deuxième temps, nous avons analysé 5 communs pour essayer d’en extraire les caractéristiques spécifiques. Les participants étaient réunis en 5 groupes de 5, chacun ayant une fiche de présentation d’un commun à analyser. Dans un deuxième temps, on a mélangé tous les groupes pour que chacun puisse présenter le travail de son groupe aux autres.
Les 5 communs analysés sont listés ci-dessous, les liens pointent vers les différentes fiches proposées :

Pour conclure cette analyse, l’interview de Benjamin Coriat permet de présenter simplement les différents aspects d’un commun (une ressource, des acteurs qui ont des droits sur cette ressource et une structure de gouvernance) en insistant sur la différence entre un bien commun et un commun selon la présence (ou pas) de la structure de régulation.

3 – Les communs que l’on pourrait mettre en place

Dans un dernier temps, nous avons essayé de voir les communs que l’on pourrait mettre en place dans nos écoles et /ou établissements. Quelques pistes étaient proposées : une boîte à livres, un wiki-mur, l’ambiance de classe, la connexion internet (dans une logique BYOD ou AVAN), la cour de récréation…

Il est intéressant de voir que certains groupes ont travaillé sur d’autres idées de commun, par exemple les notes de cours prises par les élèves et partagées au sein d’un collège. Même si les échanges sont restés informels, ils dénotent bien d’une appropriation des principes fondamentaux des communs et de leur application à des situations concrètes que l’on rencontre dans nos établissements.

Nous avions prévu un canevas pour soutenir la réflexion des groupes autour des communs à construire mais ne l’avons finalement pas utilisé. Il est tout de même accessible ci-contre.

Son utilisation commence par la définition de la ressource commune (1) puis par le repérage du périmètre de la communauté (2). Dans un deuxième temps, on va caractériser les droits sur la ressources (3) et les risques de dérive (4). Enfin, il faudra définir la régulation (5) à mettre en place pour que notre bien commun devienne un commun.

4 – En conclusion …

Plusieurs participants ont partagé leur étonnement relatif à l’écart entre les communs étudiés et la culture numérique. En effet, plusieurs communs n’avaient rien de numérique. Je propose deux éléments de réponse pour étayer le choix de travailler cette culture numérique par les communs :

  1. La gestion d’un commun nécessite de collaborer, de communiquer, d’argumenter, de respecter des règles qui font partie de la culture numérique, et peuvent se vivre, se travailler et se développer dans un monde sans informatique, ni Internet.
  2. Internet est un espace propice au développement des communs par la facilité offerte pour coconstruire, partager et échanger.

Cette approche par les communs est à ce titre un contexte très favorable pour initier nos élèves à une citoyenneté responsable et participative, comme ce qui est proposé dans le cadre du wikiconcours lycéens, par exemple.

Cet atelier était très riche, même si le temps consacré était un peu insuffisant pour pouvoir le mener dans de bonnes conditions. Vous trouverez ici le conducteur de la journée (qui reprend la présentation de la culture numérique et le barcamp), le diaporama utilisé et deux fiches supplémentaires, qui n’ont pas été utilisées, sur les licences libres et les huit principes de Elinor Ostrom.

Je tiens à remercier spécifiquement Michel Briand (@michelbriand) qui nous a bien aidé à monter ce temps de travail en relisant nos propositions, en apportant des compléments riches et en nous aiguillant vers des ressources très intéressantes :

Ces ressources nous ont été précieuses et méritent d’être partagées et utilisées.

Bons communs à chacun !

illustration extraite de BIENS COMMUNS – La prospérité par le partage de Silke Helfrich, Rainer Kuhlen, Wolfgang Sachs, Christian Siefkes (CC-BY-SA)

Un barcamp pour aborder la culture numérique

Cela fait quelques mois que nous avançons dans notre réflexion autour de la culture numérique. Il nous semble intéressant maintenant de voir comment l’introduire dans nos formations pour des enseignants. Nous avons donc commencé un premier essai au cours du GRANE (Groupe de Réflexion Académique sur le Numérique Éducatif). Voici quelques éléments saillants de cette demi-journée.

1 – Organisation de la demi-journée

Comme nous vous l’avons déjà dit, la culture numérique impacte toutes nos organisations, même lorsque nous n’utilisons pas d’outils informatiques : notre organisation du travail est impactée par l’horizontalité des relations induites par ces évolutions. C’est pour proposer une formation cohérente entre le fond et la forme que nous avons choisi le mode barcamp.

Un barcamp ? Mais oui ! Vous savez, ces rencontres où il n’y a pas d’ordre du jour prédéfini, où l’on coconstruit l’ordre du jour à partir des questionnements des participants et où chacun s’inscrit en fonction de ses centres d’intérêts… Si ce format vous intéresse, des documents existent pour vous aider à l’organiser ici ou , par exemple.

Les différents temps du barcamp :

  1. L’exposition de notre vision de la culture numérique. Nous n’avions proposé aucune activité préparatoire avant la rencontre et il nous semblait important de nourrir la réflexion de chacun par quelques éléments d’analyse et de questionnement. Cette présentation est retranscrite dans l’article Culture numérique : contours et enjeux, n’hésitez pas à aller le consulter et à récupérer le support utilisé.
  2. La construction de l’ordre de jour à partir de la question : ‘Si on organisait une journée sur la culture numérique, quel atelier je voudrais animer ?’
  3. L’organisation des ateliers à partir des propositions. Nous avons organisé deux rotations de 45 minutes chacune avec 4 ateliers par rotation.
  4. La synthèse pour profiter des réflexions et échanges de chaque groupe.

2 – Les contenus des échanges

Voici quelques notes, prises à la volée lors du temps de synthèse, réorganisées par thématique. On constate que la question très ouverte posée au départ a offert la possibilité de partir dans plusieurs directions.

Des sujets liés aux technologies …

Les Tuyaux

C’est un sujet important pour ôter la magie d’internet et expliquer concrètement commet ça fonctionne. On ressent un fort besoin d’acculturation des élèves et des enseignants. Il paraît important de partir de situation réelles : que se passe t-il lorsque j’allume mon téléphone ? comment Google fait pour m’envoyer une réponse avec 1 millions de résultats ? il semble nécessaire d’outiller les enseignants sur ce sujet que ce soit par des fiches de vulgarisation (sans termes abscons) ou des kits d’activités à réaliser avec les élèves.

…qui ont un impact sur …

L’identité numérique

C’est une grosse problématique à aborder avec les enseignants et les élèves : que puis-je gérer mon identité numérique ? Il paraît important d’aborder des questions légales à ce sujet.

L’impact environnemental des technologies

Quelles pratiques raisonnées limitent l’impact environnemental de l’usage des technologies ? Existe-t-il un guide de bonnes pratiques professionnelles pour la communication ?

Les méthodes de management très descendante, imposent le besoin d’être informé de tout en temps réel, ce qui provoque une masse d’échanges. Est-ce pertinent ? Peut-on faire autrement ? Quels codes de communication pourrait-on adopter ? Chaque communauté a ses codes, chaque outil aussi …

Les questions écologiques sont-elles intégrées aux choix des acheteurs de matériels ? Comment répondons-nous  aux approches commerciales, à l’obsolescence programmée ? Les ressources et logiciels libres sont-ils des solutions ?

Une pratique responsable repérée : privilégier l’usage des favoris plutôt que refaire perpétuellement les mêmes recherches.

… et induisent des pratiques et usages

Art et numérique

Trois entrées ont été repérées pour aborder le lien entre art et ‘numérique’ :

  1. Internet : une base de ressources ‘infinie’ ;
  2. Internet pour publier et diffuser les productions artistiques ;
  3. Les outils informatiques pour produire des œuvres (caméra, robots, enregistreurs, …)

Logiciels libres

Redéfinir ‘logiciel libre’. Pourquoi faire le choix du logiciel libre ? Pour donner une culture large et des habiletés transférables. Cette approche peut être pertinente pour répondre aux besoins de formation et de développement de compétences professionnelles.

Légitimité, place des élèves

La place de l’enseignant est questionnée : il n’est plus dans une position hiérarchique ‘verticale’ mais n’est pas non plus un pair comme un autre, complètement ‘horizontal’. Peut-on parler d’enseignant ‘oblique’ ou ‘diagonal’ ?

Comme le dit R. Enthoven (rapporté ici), “il y a une confusion entre l’égalité des droits et l’équivalence des compétences”.

Comment l’éducation nationale peut préparer les élèves à ces pratiques ?

2 pistes ont été proposées pour travailler ces différentes approches de la culture numérique : la pédagogie de projet et la collaboration. Voici les détails de ces propositions.

Pédagogie de projet

Cette approche redéfinit le rôle de l’enseignant, qui n’est plus ‘dispensateur de savoir’ mais doit travailler la gestion du temps et la répartition des rôles entre élèves. Il est alors essentiel de travailler en amont les repères à donner aux élèves pour qu’il puissent rentrer dans une démarche d’analyse (on n’apprend pas que par la mise en situation mais aussi en relisant ce qui s’est vécu, comme présenté ici).

De même, il est important de repérer les compétences à évaluer qui dépassent largement les domaines disciplinaires (compétences sociales) et les outils numériques qui peuvent faciliter cette organisation.

Collaboration

L’idée est de diffuser des exemples de pratiques et découverte d’outils qui peut s’appuyer sur une mise en place de pratiques collaboratives (comme par exemple l’atelier présenté ici). Il peut être intéressant de proposer (avant ou après) quelques exemples de pratiques existantes  à critiquer (de façon constructive) pour obliger chaque participant à analyser la pratique et voir comment se l’approprier.

La question des outils informatiques (matériels, logiciels, services en lignes) doit être analyser en amont de la démarche pour préciser les besoins et choisir en fonction des usages visés.

Cette approche pédagogique peut avoir, par les changements de posture qu’il induit,  un impact sur le climat scolaire.

3 – Conclusion

Ce barcamp nous a beaucoup plu. A la fin de la journée, il nous a semblé que les sujets abordés étaient difficilement exploitables directement. Il s’avère en fait que nous allons proposer un atelier sur les tuyaux lors des prochaines rencontres du numériques en avril. Comme quoi, ces temps d’échanges, de brassage et de formalisation sont des moteurs efficaces pour aller de l’avant.

A suivre …

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Et si on proposait des formations ‘minute’ ?

Nous sommes régulièrement confrontés à une contradiction où l’on souhaiterait apprendre rapidement alors que l’on sait que cela nécessite du temps et de l’engagement. Pour essayer de proposer une approche avec plusieurs échéances possibles nous vous proposons un prototype de formation ‘minute’ ainsi que la démarche de construction sous-jacente. Loin d’être dogmatique sur le sujet, nous voulons plutôt recueillir vos réactions et remarques pour avancer ensemble sur le sujet …

Voici le premier prototype de formation minute réalisé à partir d’un document utilisé dans une formation sur ‘robotique et programmation’ proposée et construite en partenariat avec CANOPE.

L’analyse de sa construction et de son utilisation son accessibles sur le blog de la DANE de Dijon

Cogit’Express : version en ligne du Forum ouvert

Nous avons organisé en juillet un forum ouvert avec les enseignants référents des usages du numérique de l’académie pour nourrir le projet académique d’actions concrètes et avons été très impressionnés par l’enthousiasme des participants pour cette modalité de travail. Nous souhaitions proposer un événement comparable pour les référents numériques du second degré mais n’avions aucun budget et une échéance temporelle très courte : nous avons donc essayé de transposer en ligne les modalités du forum ouvert et l’avons appelé Cogit’Express. Voici les grandes lignes de son organisation et les premiers éléments d’analyse que l’on tire de cette expérimentation.

La suite sur le blog de la DANE de Dijon : http://dane.ac-dijon.fr/2018/10/01/cogitexpress-version-en-ligne-du-forum-ouvert/ et ci-dessous l’infographie qui présente l’organisation proposée :

Un kit pour travailler l’inter-degré

Nous avons organisé récemment une journée de travail sur l’inter-degré avec des enseignants du primaire et du secondaire et des personnels des services supports (CARDIE, formation, CLEMI). La journée a été très riche alors nous nous faisons un plaisir de vous en relater le contenu et l’ensemble des ressources utilisées pour que vous puissiez la vivre chez vous. Bons échanges !

La suite sur le site de la DANE …

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