Initier les étudiants à l’analyse reflexive

Comme convenu (et présenté ici), nous proposons à nos étudiants d’utiliser un portfolio pour les soutenir dans leurs apprentissages (nous nous sommes orienté vers un portfolio d’apprentissage). Afin que la prise en main soit ‘facile’, nous leur avons présenté une démarche pour analyser leur travail et faire ressortir ce qu’ils ont appris.

Dans un premier temps, il est important de voir le triple intérêt de cet outil.

– auto-évaluation
– capitalisation de l’expérience
– indicateur de progression personnelle

A partir de cela, on peut construire sa réflexion en abordant les objectifs un par un.

Auto-évaluation

Plusieurs indices permettent d’évaluer le travail réalisé au cours d’une séquence : le cahier des charges, les compétences du référentiel travaillées et la grille d’évaluation. Cela sous-entend que les étudiants ont connaissance de ces informations dès le début de la séquence …
L’étudiant doit critiquer (au sens positif du terme) son travail :

– Si mon travail ne respecte pas le cahier des charges, quels sont les points qui ne sont pas respectés ? Quelles sont les causes de ce non-respect ? Est-ce le temps ? Un aspect du problème qui n’est pas compris ?
– Où ai-je perdu du temps ?

En répondant à ces questions (qui ne sont pas exhaustives), l’étudiant met en relief les difficultés rencontrées. L’analyse ne doit pas s’arrêter là, elle doit découler sur les outils ou méthodes mis en œuvre (ou à mettre en œuvre) pour surmonter chaque difficulté. Il me paraît indispensable de remonter le plus possible jusqu’à une démarche méthodologique que l’on pourra utiliser pour résoudre une famille de problèmes.

– La grille d’évaluation et les points du référentiel abordés permettent de cibler les compétences spécialement travaillées. Pour chacune d’elles, l’étudiant peut chercher à évaluer son niveau d’aisance, recoupant l’autonomie (‘je sais faire seul’, ‘je sais faire avec de l’aide’, ‘je ne sais pas faire’) et l’appropriation (‘je sais refaire’, ‘je sais transférer à d’autres situations’).

Capitalisation de l’expérience

Une fois l’analyse du travail menée comme précédemment, l’étudiant peut faire ressortir ce qu’il veut retenir ou une méthode qu’il souhaite mettre en pratique lors d’une prochaine séquence.

Indication de la progression personnelle

Dans la durée, ces traces d’apprentissages permettent d’attester la progression de l’étudiant. Elles lui offrent la possibilité de prendre conscience du chemin parcouru.

Cette démarche me paraît pertinente et semble intéresser les étudiants. Reste à voir si cela perdurera … Espérons que ça ne retombera pas comme un soufflet !

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Pour des jeunes diplômés plus expérimentés

Lors d’une rencontre avec un responsable d’équipe au sein d’une entreprise, nous tenions la discussion suivante :

« – Tu vois, je trouve qu’ils ne sont pas terribles les étudiants qui sortent de l’école, ils ne savent rien faire, je préfère de beaucoup embaucher un gars qui a suivi sa formation en alternance…
– Est-ce que tu as conscience que toi aussi, tu ne savais rien faire lorsque tu es sorti de l’école et que des ‘vieux routiers’ disaient la même chose de toi ?
– euh !…
– Et que fais-tu quand tu reçois une demande d’alternance de la part d’un étudiant ?
– Ah, non ! Tu comprends, je ne peux pas me permettre d’investir comme ça sur un jeune, passer du temps à le former, parce que ça prend du temps, et pour risquer qu’il parte, en plus ! J’ai un problème de rentabilité, moi ! »

Avec des discussions comme ça, on sent que ça va être compliqué d’avoir des jeunes professionnels qui correspondent aux attentes des employeurs. Et ne riez pas, je suis sûr que vous avez déjà eu, vous aussi, ce genre de remarques …

Même si j’ai beaucoup de mal à accepter ces critiques de la part de personnes qui ne sont pas prêtes à se remonter les manches, il y a quand même matière à se poser la question : Qu’apprend-on à l’école si les employeurs considèrent que les jeunes diplômés ne savent rien faire ?

En fait, les employeurs voudraient que les jeunes diplômés aient de l’expérience ! Qu’à cela ne tienne, apprenons aux étudiants à travailler comme des pros… Oui mais quelles sont les qualités attendues ? Au retour de stage, nos étudiants ont listé ce qu’ils ont découvert en entreprise. Il en ressort quelques compétences que l’école peut très bien approfondir :
l’autonomie : attention, l’autonomie se construit, s’éduque, ça n’est pas un abandon de l’étudiant face à ses apprentissages. Il faut « laisser errer mais ne pas laisser échouer » (franc-parler sur la pédagogie par projet). En entreprise, l’autonomie est attendue par exemple pour la prise de décisions, la recherche d’information, la réalisation de tâches ‘métier’…

– le travail en équipe : cette compétence n’est pas antinomique avec la précédente. Elle consiste à savoir écouter, argumenter, débattre, concilier, … Cela sous-entend par exemple que l’on vient à une réunion en l’ayant préparée à partir de l’ordre du jour.

Une fois ces grandes lignes définies, il faut construire les séquences pédagogiques qui développent ces compétences : travail par projet, par problème, toutes ces démarches pédagogiques où l’apprenant devient acteur et construit ses connaissances. La création de situations comparables au cadre professionnel est indispensable mais cela ne suffit pas, il faut aussi (et surtout) prendre le temps de la relecture avec les étudiants pour formaliser les méthodes mises en œuvre et évaluer leur efficacité. Ce temps de synthèse permet d’expliciter l’expérience acquise au cours de la séquence. La capitalisation personnelle de cette expérience (sous quelque forme que ce soit : portfolio, journal de bord, …) permettra aux étudiants de :
– suivre et évaluer leur progression
– avoir un support pour analyser leurs méthodes de travail, ainsi que leurs forces et faiblesses, …

Dans une telle optique, le contenu disciplinaire est un cadre, à l’enseignant de construire la progression qui formera des jeunes diplômés plus expérimentés.

N’hésitez pas à réagir !!!

Pour l’année prochaine : portfolio et co-construction …

Depuis cette année, nous organisons plus notre pédagogie  sur une approche par projets ou problèmes (selon les thématiques) afin d’impliquer plus les étudiant et de proposer des activités qui ont du sens (voir ici pour des références sur la motivation). Cette approche doit être soutenue par les enseignants pour aider les étudiants à structurer leurs apprentissages. Nous avons constaté au cours de cette période de ‘découverte’ que les étudiants ont besoin de soutien et de structure dans deux dimensions spécifiques :

– les connaissances
– les méthodes de travail

Autant les connaissances à acquérir sont les mêmes pour tous les étudiants, autant chacun a ses propres méthodes de travail et d’apprentissage. Il nous a donc paru utile de prévoir 2 outils pour répondre à ces 2 besoins :

– une base de connaissances construite collectivement (sans doute sous la forme d’un wiki) où, à tour de rôle, chacun sera responsable de rédiger / relire et corriger / mettre en lien avec l’existant, la (ou les) fiche(s) en lien avec le thème.
– un portfolio, où chacun pourra structurer ses méthodes de travail, avancer dans la définition de ses forces et de ses faiblesses (sans doute à partir d’un blog).

Voici ci-dessous une présentation synthétique de la complémentarité de ces deux dispositifs.

intégration du portfolio et d'une base de connaissances co-construite dans notre pédagogie

Enfin ci-dessous, vous avez les principaux bénéfices que nous comptons en tirer :

Formalisation : de tels outils permettent aux étudiants d’avoir un cadre pour les soutenir dans leurs apprentissages  (organisation, création de liens entre les différentes notions, structuration)
Capitalisation : cette organisation permet de rendre visible la capitalisation des acquis au cours de la formation (aussi bien du point de vue du contenu dans la base de connaissance que pour l’analyse réflexive dans le portfolio),
Anticipation : ces outils permettent à nos étudiants de préparer l’avenir : révision, recherche d’emploi ou de formation ultérieure,
Présentation : Les étudiants devraient ainsi apprendre à présenter correctement des informations ou des réflexions personnelles,
Évaluation : Les différentes productions des étudiants serviront de support pour leur évaluation,
Collaboration : A force de lecture croisées, d’échanges de points de vues et de pratiques, les étudiants devraient mieux travailler en équipe.

Une première analyse théorique étant faite, il reste à mettre en place ces 2 outils d’ici septembre …

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