La formation continue des enseignant est un vaste chantier. Je vous propose ici de comparer 4 points de vues : Kristen Weatherby, de l’OCDE, Denis Berthiaume, conseiller pédagogique à l’UNIL, Claire Belanger, conseiller pédagogique à l’Université de Montréal et Patrick Neuhauser, consultant chez Socialearning. Ces points vues différents se répondent l’un à l’autre et sont ainsi complémentaires. Le développement professionnel des enseignants nécessite une volonté politique respectant la liberté personnelle. L’idée d’organiser la formation continue autour de l’analyse de sa pratique personnelle avec le soutien d’un coach me semble pertinente, si la motivation est là…
Dans son intervention au colloque Quelle école pour demain ? (Un résumé est disponible sur RSLN), Kristen Weatherby, de l’OCDE, présente l’étude TALIS qui s’intéresse aux conditions de travail des enseignants. Elle en ressort quelques points qui influencent l’efficacité d’un enseignant :
- Le développement professionnel : certains pays de l’OCDE considèrent les enseignants comme des étudiants ‘à vie’,
- L‘évaluation du travail enseignant,
- La confiance qu’ont les enseignants dans leur capacité à enseigner,
- L’ambiance dans la classe.
K. Weatherby insiste sur l’importance de la formation des enseignants, notamment la formation continue en citant quelques exemples (mentorat à Shangaï, évaluation des pratiques pédagogiques à Singapour). A partir de ces grandes lignes, quelle formation continue peut-on envisager pour les enseignants en France ? Denis Berthiaume, dans son intervention Pourquoi et comment soutenir le développement professionnel des enseignants ? lors du séminaire PARFAIRE 2011 rappelle que le développement ne peut apparaître que si les personnes sont motivées et libres d’adhérer au processus proposé. Il présente 4 pistes pour soutenir ce développement :
- la consultation individuelle pour répondre à des besoins spécifiques,
- l’évaluation des enseignements par les étudiants,
- les ateliers de formation,
- les projets de recherche appliquée.
Dans Une perspective SoTL au développement professionnel des enseignants au supérieur : Qu’est-ce que cela signifie pour le conseil pédagogique ?, Claire Belanger présente le fonctionnement de leur équipe de conseil pédagogique en s’appuyant sur l’analyse réflexive et les échanges entre pairs ou avec les conseillers. Elle insiste sur l’explicitation des pratiques enseignantes et l’officialisation du partage des résultats des différentes initiatives menées, par exemple, lors de formations pédagogiques. De son côté, Patrick Neuhauser parle d’apprentissage formel, non formel et informel, en sachant que l’apprentissage informel représente une part beaucoup plus importante de nos apprentissages que l’apprentissage formel. Il propose de développer l’analyse réflexive se basant sur l’expérience de chacun : « En effet, c’est en étant confronté à des problèmes au cours de l’expérience, en essayant de les résoudre, en évaluant les résultats, en corrigeant ainsi le processus que l’apprentissage s’opère selon un principe d’itération ». L’idée principale est alors de formaliser, expliciter, faire émerger, verbaliser l’informel. Le défi est alors multiple : conceptuel (que faut-il faire émerger ?), méthodologique (comment le faire émerger ?), pédagogique (quelle démarche ou quel processus mettre en œuvre ?) et enfin de reconnaissance (comment reconnaître ces apprentissages ?). Cette démarche d’explicitation de l’apprentissage informel, qui se rapproche d’un portfolio d’apprentissage, me semble tout à fait pertinente et adaptée à la formation continue des enseignants. Cependant, cela nécessite :
- des personnes ressources pour soutenir la démarche, réagir aux réflexions et questionner les pratiques (l’accompagnant est alors coach),
- une certaine structuration dans l’objectif de favoriser les interactions entre participants,
- une volonté politique de reconnaitre, soutenir et encourager ce type de formation,
- la liberté laissée aux enseignants d’y adhérer (ou pas) et un travail préliminaire sur les motivations de chacun.
En effet, la motivation des participants dans un tel dispositif me semble particulièrement importante pour s’assurer de l’engagement dans la durée. L’animation de ce blog rentre à peu près dans ce cadre d’explicitation de l’apprentissage informel. Si nous prenons le temps d’analyser ma motivation pour ce travail, deux aspects majeurs ressortent :
- Cette pratique d’écriture régulière est très riche et nourrissante. Elle me force à lire/visualiser/écouter de nombreuses ressources en lien avec les problématiques que je rencontre, de chercher des relations et de les expliciter. Le passage par l’écrit permet de forcer à mettre des mots sur les différentes notions abordées, ce qui limite le flou et l’à peu près. Ce blog est une grande source d’apprentissage qui m’a permis de faire évoluer mes pratiques pédagogiques et c’est très satisfaisant.
- La reconnaissance pour ce travail n’est pas à chercher du côté de l’institution mais bien chez les lecteurs : les commentaires, les mentions et les tweets sont très valorisants mais il faut du temps, du travail et de la persévérance avant de se construire un lectorat. De plus, je conçois bien que cette reconnaissance soit un piètre moteur pour beaucoup et ne suffise pas à motiver le plus grand nombre … D’où le besoin du coach et des échanges entre les différentes personnes impliquées dans le dispositif.
Et vous, pensez-vous qu’une formation continue basée sur l’analyse de pratiques avec le soutien d’un coach peut être efficace ?
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