Un kit pour travailler l’inter-degré

Nous avons organisé récemment une journée de travail sur l’inter-degré avec des enseignants du primaire et du secondaire et des personnels des services supports (CARDIE, formation, CLEMI). La journée a été très riche alors nous nous faisons un plaisir de vous en relater le contenu et l’ensemble des ressources utilisées pour que vous puissiez la vivre chez vous. Bons échanges !

La suite sur le site de la DANE …

Et si la salle des profs était un espace de coworking …

J’assistais récemment à une table ronde autour des questions de télétravail et coworking. Les échanges m’ont interpellé et fait pensé que les enseignants peuvent être assimilés à des télétravailleurs qui passent une partie non négligeable de leur temps à travailler chez eux. Or, ces espaces de coworking accueillent les télétravailleurs et leur proposent un contexte inspirant et ‘socialisant’. Serait-il fou de concevoir la salle des profs d’un établissement scolaire comme un tel espace ?

Ce billet se veut exploratoire, il soulève une question autour d’un lieu présent dans tous les établissements du second degré. Il ne se veut ni polémique, ni critique …

Quelles sont les caractéristiques d’un espace de coworking ?

Deux éléments les caractérisent :

Un espace de travail partagé : Les locaux sont accueillants et, si possible, organisés en espaces modulaires. Beaux, ils donnent envie d’y passer du temps et sont adaptés au nombre d’enseignants. Équipés en wifi, ils permettent de venir travailler avec son matériel personnel. D’un côté, l’espace est calme pour tous ceux qui travaillent en solo ; de l’autre, des outils sont à disposition pour aider à la créativité : un espace collectif, confortable, où l’on peut écrire sur les murs est accessible pour les personnes qui veulent monter un projet ou échanger sur une problématique particulière.

Un réseau de personnes : Les coworkers ne sont pas tous enseignants, la différence enrichit ! Ainsi, ce sont des artistes, des commerciaux de passage, des entrepreneurs, des indépendants ou d’autres personnels de l’éducation nationale qui peuvent venir, passer un temps, apporter leur regard et leur expertise ou demander un conseil sur un sujet qu’ils ne maîtrisent pas. Des événements récurrents (repas partagés, accueil des nouveaux, …) permettent de tisser des liens entre les membres du réseau et créent une réelle convivialité.

Qu’est ce que cela change ?

Le premier changement est que les enseignants y passent du temps. Ils ont un vrai lieu de travail qui permet de bien découpler la vie professionnelle et la vie familiale et ça, c’est un vrai progrès pour leur qualité de vie au travail. Ils peuvent facilement rencontrer leurs collègues et mieux les connaître. Cela entraîne le développement d’un véritable esprit d’équipe autour du projet d’établissement et est un terreau fertile pour faire naître des projets collectifs. Les coworkers non-enseignants apportent une ouverture sur le monde : ils peuvent partager leur quotidien mêlé de difficultés et de réussites. Ils sont un ancrage pour relier les enseignements au quotidien du monde du travail qui ne se limite pas au monde de l’éducation.

En est-on si loin ?

Cela dépend beaucoup des établissements. Si aucun établissement n’accueille de personnes extérieures dans cette logique de coworking, des équipes pédagogiques ont des pratiques proches de celles présentées ci-dessus. Il me semble (ce n’est qu’une impression, toute personnelle, qui n’est fondée sur aucune étude) que la taille de l’établissement et le type de public accueilli peuvent être des critères différenciant :

  • Les salles des profs n’ont pas toutes des dimensions adaptées. Il me semble que si leur taille actuelle est bien adaptée pour faciliter la cohabitation de ces différentes modalités de travail dans certaines structures, cela est loin d’être généralisé dans tous les établissements.
  • Les équipes confrontées à un public ‘difficile’ ont besoin de se serrer les coudes et ces pratiques soutiennent le collectif et permettent de construire une solidarité très bénéfique.

L’accueil de personnes extérieures et l’approche ‘lab’, autour du travail collectif et de la créativité, me semblent intéressantes et pourraient être testées dans un esprit ‘établissement ouvert’. Cela rejoint tout à fait les idées présentées dans le rapport ‘Vers une société apprenante’ qui propose :

De nombreuses enquêtes ont mis en évidence l’isolement des enseignants français et leur difficulté à travailler en équipe. Cet isolement constitue un frein à la coopération, à l’expérimentation et à  l’essaimage des pratiques. Les salles de professeurs et les centres de documentation et d’information (CDI), où il est en général difficile d’échanger […] ne sont pas conçus pour des travaux collaboratifs. […] Si l’on souhaite favoriser la coopération entre les enseignants, et leur rencontre avec des partenaires extérieurs, les encourager à documenter leurs pratiques et à mener des projets, l’aménagement d’espaces et de temps dédiés à ce type d’activités semble de plus en plus nécessaire. Ces lieux doivent être accueillants et ouverts sur l’extérieur, aux parents et aux partenaires, et  ils doivent être conçus et équipés de manière à stimuler la créativité et à permettre le développement de projets.

On peut déjà repérer des points de blocage liés aux contraintes d’ouverture hors temps scolaire et à l’utilisation de matériels personnels pour accéder à internet, mais des solutions peuvent sûrement se trouver.

Quoi qu’il en soit, un tel projet ne peut s’envisager qu’en partenariat avec les collectivités territoriales et peut être porteur de sens pour dynamiser un territoire rural. Alors, quelqu’un veut-il essayer ?

Crédit photo : CC-BY-SA opensourceway https://www.flickr.com/photos/opensourceway/4427310974

Pédagogie ouverte et triangle de Houssaye

J’ai cherché à voir quels liens on pouvait trouver entre la pédagogie ouverte et le triangle de Houssaye. Il me semble que l’on peut placer les sommets de l’un entre les lobes de l’autre. L’enseignant se retrouve ainsi entre transparence et la participation, l’étudiant entre la participation et la coopération et le savoir entre la coopération et la transparence. Voyons ce que cela implique sur les différents processus définis par Houssaye.

pédagogie ouverte et triangle de Housaye

pédagogie ouverte et triangle de Housaye

1 – Enseigner

Ce processus est associé à la transparence de la pédagogie ouverte. Le savoir étant déjà distribué et accessible sur internet, il paraît caduque de poser une quelconque licence sur ses productions pédagogiques, il est ainsi préférable de partager avec la communauté dans une dynamique d’amélioration continue. De même, pourquoi ne pas utiliser toutes ces ressources accessibles (par exemple des vidéos) pour enseigner. Mais si tout est disponible, quel est l’objectif de l’acte d’enseigner ? aider l’étudiant à s’approprier des connaissances, à faire des liens entre ces nouveaux apprentissages et ce qu’il connaît déjà (d’où l’intérêt de faire construire des cartes mentales ou des cartes de concepts) et comprendre les différents processus mis en œuvre pour apprendre (d’où l’importance de l’analyse réflexive).

2 – Former

La relation entre l’enseignant et les apprenants est ici très axées dans une dimension ‘participative’ qui est un des axes essentiels de développement de nos sociétés : communautés de pratiques, d’apprentissage, démocratie participative, wirearchie, … autant de concepts qui se développent et auxquels il faut sensibiliser et former nos étudiants/élèves/apprenants pour qu’ils soient de véritables acteurs de la société. C’est pour cela qu’il me semble essentiel de leur laisser des choix qu’ils doivent apprendre à assumer, leur proposer de participer, dans une certaine mesure, à la construction de la formation par exemple en évaluant la formation ‘en continu’. L’objectif est ainsi d’éveiller les citoyens

3 – Apprendre

Cette association du processus apprendre avec la coopération est critiquable parce que restrictif. Cependant, la Coopération/Collaboration se retrouve en tête de nombreux référentiels de compétences à maîtriser au XXIème siècle accompagnée par la Créativité, la Communication et l’esprit Critique (pour former les 4C). Le développement de toutes ces compétences de haut niveau dépend des activités proposées et des productions attendues. Ainsi, les élèves du collège de Staël a Paris ont pu travailler toutes ces compétences lors d’un projet artistique autour du lycée idéal, avec la réalisation d’une œuvre, l’animation d’un blog, la réalisation d’un film et la communication autour de ce projet.

4 – Prise de recul

L’approche collaborative induit l’adjonction d’un nouveau pôle au triangle d’origine : le groupe, ce qui permet de construire un tétraèdre. On entre alors dans une oscillation entre deux pôles : apprendre à collaborer et collaborer pour apprendre. Ce contexte collaboratif est ainsi un terreau fertile pour développer les compétences transversales (comme présenté ici).

Le triangle de Houssaye a été critiqué par son manque de contextualisation, la pédagogie ouverte offre la possibilité d’instancier (d’incarner ?) ce modèle dans notre monde du XXIème siècle où Internet est omniprésent et où l’on forme à des métiers qui n’existent pas encore …

On peut essayer de résumer ce schéma en prônant un enseignement transparent pour des formations participatives, structurées autour d’apprentissages collaboratifs.

Peut-être avez-vous des réactions ou des critiques relatives à ces réflexions, n’hésitez pas à vous manifester : c’est ensemble que nous progresserons …

Former à la créativité

On cherche souvent à développer la créativité des étudiants, mais dans la réalité, que fait-on ?  Voici  deux idées de jeux créatifs collaboratifs pour occuper vos vacances : lâchez-vous !

En cherchant des idées pour former à la créativité, je n’ai pas trouvé grand chose, si ce n’est quelques grandes lignes directrices : changer de point de vue pour voir autrement et profiter des ambiguïtés, initier un défi pour mobiliser les troupes, désactiver le jugement pendant tout le temps de la phase de créativité, …Luc de la Brabandère présente très bien ces différents concepts dans une intervention à l’université du SI. D’un autre côté, Jonah Lehrer rappelle que ce sont les frictions humaines qui font jaillir les étincelles”. Pour développer la créativité, il propose de travailler avec des groupes hétérogènes, dans des locaux flexibles et de favoriser la confrontation.

Maintenant qu’on a ces principes, qu’est-ce qu’on peut faire ?

1 – On peut faire des P@reils !

Les p@reils ont été développés par David Hebert (@dawoud68). Ce sont des associations d’objets (mots ou images mais on pourrait aussi envisager des  sons et vidéos) reliés par une caractéristique commune. Par exemple, pomme / banane / fraise / pêche sont « p@reils fruits » … Le déroulement d’une partie est simple : une personne construit le groupe de p@reils et les autres cherchent le point commun, « p@reils quoi ? ».

L’idée que je propose ici est de créer un arbre à p@reils ou marabout des p@reils. A partir d’un premier p@reil, on cherche à construire le plus de nouveaux p@reils en reprenant des éléments d’un p@reil existant. Cela oblige à regarder les éléments de la série d’origine sous un nouveau regard pour trouver une nouvelle caractéristique commune (pour changer le regard).

L’aspect ludique, naturellement présent dans les p@reils est, je pense, renforcé par la construction du marabout. Un wiki, l’arbre à p@reils, a été ouvert pour que chacun puisse s’y essayer … N’hésitez pas à le parcourir, y participer en apportant vos p@reils. Il n’y a qu’une seule contrainte : votre p@reil doit reprendre au moins deux éléments d’un p@reil existant qui sera son point d’accroche dans l’arbre. Voici la racine de notre arbre :

racine de l’arbre à P@reils

2 – Pourquoi as-tu mis ton smartphone dans le lave-linge ?

Tiens, c’est vrai, ça ! pourquoi ?

Dans son intervention, L. de la Brabandère parle de la bissociation. Selon wikipédia, « il s’agit d’associer ou plutôt de combiner deux idées, deux solutions ou deux univers parfois a priori très étrangers, afin d’en créer un troisième, inédit. » Ce principe est une autre piste pour développer la créativité ? C’est dans cet esprit que je vous propose d’associer deux mondes (l’électroménager et les nouvelles technologies) pour partager ensemble les idées qui nous viennent. Pour vous inspirer, voici une première réflexion que je me suis faites avec présentation de tout le cheminement :

  1. Avec mon smartphone, je vais pouvoir filmer l’essorage de l’intérieur (désactivation du jugement par rapport à l’étanchéité de l’appareil et l’intérêt de la plus-value)
  2. Oui, mais il n’y a pas de lumière, on risque donc de ne rien voir … (confrontation)
  3. C’est pas grave, mon smartphone intègre un éclairage !
  4. Voilà l’idée ! Grâce au smartphone intégré, je peux avoir une source de lumière à l’intérieur de mon lave-linge quand je dois le réparer. (je ne sais pas chez vous, mais chez moi, la réparation doit toujours s’effectuer juste à l’endroit que je n’arrive pas à éclairer avec ma lampe de poche : s’il y avait une ou deux loupiotes bien positionnées dans l’appareil, ça serait génial !!!)

J’ai ouvert un document partagé pour que chacun puisse y partager ses idées…

3 – A quoi vont servir ces expériences ?

Plusieurs questions se posent qui permettent de clarifier le défi que cela représente :

  • Est-ce que cela peut être exploité avec des élèves/étudiants ?
  • Si oui, comment ?
  • Combien de personnes sont intéressées par ce type de  smart-play ? (présenté par Serge Soudoplatoff : le jeu est au centre, l’apprentissage est un effet presque collatéral)
  • Quelle est l’influence du nombre de participants sur le déroulement des jeux ?

Et spécifiquement pour les p@reils :

  • Combien de marabout peut-on construire à partir d’un même départ ?
  • Risque-t-on de tourner en rond (limités par un nombre fini de caractéristiques communes) ?
  • Comment l’instrumenter ? …

L’objectif est aussi de partager des idées d’activités pour développer la créativité, n’hésitez pas à les reprendre avec vos élèves/étudiants.

Passez de bonnes vacances, et prenez le temps d’être créatif !