Un peu de recul sur ChatGPT

Comme beaucoup de monde, j’ai testé ChatGPT en lui posant des questions sur les limites de son utilisation et l’usage avec des élèves (Vous trouverez le contenu des échanges à la fin de cet article). Si le résultat est impressionnant, quelques éléments m’interpellent…

1 – ChatGPT ne produit que ce qu’on lui demande

Force est de constater que cette intelligence artificielle produit des textes impressionnants. Cependant, elle ne demande pas de préciser ou de contextualiser une requête qui pourrait être floue et répond par principe. Ce fonctionnement a deux conséquences :

  1. On n’est pas dans un dialogue d’égal à égal mais plutôt dans une position d’interview où l’on demande au ‘sachant’ de nous donner l’information souhaitée. Ce décalage met, d’une certaine façon, le demandeur en position d’infériorité alors qu’il doit avoir un esprit critique aiguisé pour analyser et traiter la réponse fournie par l’IA.
  2. Il faut espérer que notre question correspond exactement à ce que l’on cherche, et l’on sait à quel point c’est compliqué de poser la bonne question. ChatGPT le dit lui-même dans ses limites (cf. ci-dessous) : « Manque de compréhension du contexte : ChatGPT ne peut pas comprendre le contexte dans lequel une question est posée, ce qui peut parfois conduire à des réponses inappropriées ou confuses. »

Je n’ai pas cherché à pousser un questionnement trop précis et je trouve que la réponse est vite approximative, et d’ailleurs, ChatGPT le dit lui-même, « bien que ChatGPT puisse fournir des réponses assez précises, il peut encore commettre des erreurs ou produire des réponses inexactes. » Ainsi, j’aurais tendance à dire que ChatGPT est, au mieux, du niveau d’un collègue un peu baratineur et pas forcément très scrupuleux…

2 – ChatGPT n’est pas un collègue

Il me semble essentiel de rappeler que cette IA n’est pas un collègue et que les échanges que l’on peut avoir avec elle n’apportent aucune satisfaction sociale. On ne ressent aucune empathie pour cet interlocuteur, on ne tisse pas de lien dans la durée. ChatGPT ne va jamais nous raconter ses vacances ou ses problèmes, alors que c’est ce genre de partages qui aident à créer une réelle relation empathique. Nous sortons d’une pandémie qui nous a bien fait sentir que nous avions un besoin essentiel de ces relations humaines, de ces échanges informels, de ces relations qui se façonnent au jour le jour. Il ne faudrait pas tomber dans le piège de cette IA, sorte de ‘Canada dry’ de la relation : ça ressemble à une relation, mais ça n’est pas une relation, et c’est pour ça que ça pose problème …

ChatGPT est d’ailleurs honnête à ce sujet puisqu’il annonce que « ChatGPT n’est pas un être humain, il ne peut pas remplacer une relation humaine et un accompagnement personnalisé. Il ne peut pas prendre en compte tous les aspects d’une situation et peut avoir des biais en fonction des données qu’il a appris. »

Si l’on reprend le décalage de positionnement abordé ci-dessus, couplé avec cette apparence de la relation, on voit rapidement poindre le risque d’une manipulation systématique où l’algorithme nous prescrirait nos choix, comme le dit Eric Sadin dans cette vidéo :

Le point de vue de Eric Sadin sur Chat GPT

3 – ChatGPT risque de nous inciter à la paresse

Que c’est facile de poser une question et d’avoir une réponse qui tombe, toute cuite, prête à digérer !

En contrepoint, on se rappelle que Michel Serres disait « les nouvelles technologies nous ont condamnés à devenir intelligents ! »

Effectivement, les différents défis auxquels notre monde est confronté ne pourront pas se résoudre si la population est paresseuse et se contente de réponses prémâchées. Nous avons besoin de personnes engagées, créatives, critiques (au sens de l’esprit critique) et il va donc nous falloir tous développer ces compétences et attitudes de plus en plus essentielles.

4 – ChatGPT pose des questions économiques et écologiques

Même si le travail est facilité pour nous, humains, il est quand même fait et cela nécessite une énergie certaine. A ce sujet, Reuters a publié une étude qui analyse le coût des requêtes sur de tels outils (rapporté par 01net) et les chiffres sont éloquents : « John Hennessy, le président d’Alphabet (la maison mère de Google), a indiqué qu’un échange avec un modèle de langage comme ChatGPT avait probablement un coût dix fois supérieur à celui d’une recherche classique avec de simples mots-clés. » Ce coût se transforme instantanément en énergie consommée et l’impact climatique est très direct !

Peut-être avons-nous intérêt à être intelligent, à travailler en bonne intelligence pour croiser nos compétences et nos points de vue pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés ?

5 – Comment développer les compétences nécessaires chez des élèves ?

Voici une réponse, toute personnelle, qui prolonge la proposition d’initiation proposée par ChatGPT (cf. ci-dessous)

  1. Demander aux élèves, en groupe, de formuler une problématique sur un sujet donné, sous forme de question.
  2. Soumettre cette problématique à ChatGPT en lui demandant une réponse en 500 mots et avec au moins 5 références (avec bibliographie)
  3. Retravailler la réponse : vérifier les références, chercher d’autres références, identifier les influences que le choix de références induit, …
  4. Rédiger tout cela avec un traitement de texte en utilisant le suivi des modifications ou un pad. Cela permet d’avoir en même temps la proposition d’origine la production finale.
  5. Expliciter le cheminement et analyser l’écart entre les deux textes.

Ce qui me semble le plus important dans ce travail ce n’est pas la production finale mais bien le cheminement intégré par les élèves, l’écart entre les deux textes et l’analyse qu’ils en font. Ainsi, ce qu’il faut évaluer dans le travail d’un élève, c’est de moins en moins la production et de plus en plus le processus mis en œuvre et le regard qu’il porte sur son travail (analyse critique de la démarche, de la production, ce qu’il retient si c’était à refaire, …)

6 – En conclusion

Ces outils arrivent dans notre société et il me semble important de les intégrer à notre réflexion sur l’éducation et les apprentissages. Ils nous incitent de plus en plus à centrer notre travail d’éducateur (au sens le plus large) sur des compétences de très haut niveau, en commençant par l’esprit critique : Quand ai-je besoin d’utiliser ces outils ? Quel est l’impact de cette utilisation ? Quelle est la qualité de leurs productions ? Comment les utiliser de manière optimale et juste nécessaire ?

L’ordinateur ne fait que ce qu’on lui demande, et si l’on veut utiliser ChatGPT à bon escient, on a intérêt à bien travailler notre questionnement pour être pertinent. Comme le disait Einstein, « Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je passerais 55 minutes à réfléchir au problème et 5 minutes à réfléchir aux solutions »

7 – Les traces des échanges avec ChatGPT

Vous trouverez ci-dessous l’exhaustivité des traces des échanges mentionnés tout au long de l’article.

Quelles sont les limites d’utilisation de ChatGPT ?

Bien que ChatGPT soit un modèle de langage impressionnant, il y a plusieurs limites à son utilisation. En voici quelques-unes :

  1. Précision limitée : Bien que ChatGPT puisse fournir des réponses assez précises, il peut encore commettre des erreurs ou produire des réponses inexactes.
  2. Manque de compréhension du contexte : ChatGPT ne peut pas comprendre le contexte dans lequel une question est posée, ce qui peut parfois conduire à des réponses inappropriées ou confuses.
  3. Incohérence : ChatGPT peut parfois produire des réponses qui manquent de cohérence ou qui sont contradictoires.
  4. Biais : Comme tout modèle de langage entraîné sur des données, ChatGPT peut avoir des biais implicites qui se reflètent dans ses réponses.
  5. Connaissances limitées : ChatGPT a des connaissances limitées à ce qui a été inclus dans son entraînement, ce qui peut limiter sa capacité à répondre à des questions en dehors de ce domaine.
  6. Incapacité à effectuer des tâches complexes : ChatGPT est capable de répondre à des questions simples et de mener des conversations de base, mais il ne peut pas effectuer des tâches complexes nécessitant des compétences spécialisées ou une analyse approfondie.

Il est important de prendre en compte ces limites et de ne pas surévaluer les capacités de ChatGPT. Cependant, en étant conscient de ces limites et en utilisant ChatGPT de manière judicieuse, il peut être un outil utile pour répondre à des questions et mener des conversations de base.

Quelles précautions faut-il prendre pour utiliser ChatGPT à bon escient ?

Voici quelques précautions à prendre pour utiliser ChatGPT à bon escient :

  1. ChatGPT n’est pas un être humain, il ne peut pas remplacer une relation humaine et un accompagnement personnalisé. Il ne peut pas prendre en compte tous les aspects d’une situation et peut avoir des biais en fonction des données qu’il a appris.
  2. ChatGPT est un modèle de langage qui fonctionne en se basant sur les données qu’il a appris. Il peut donc donner des réponses erronées si les données qu’il a appris sont incorrectes ou incomplètes.
  3. Il est important de poser des questions claires et précises à ChatGPT pour obtenir des réponses pertinentes. Les questions ambiguës ou vagues peuvent donner des réponses imprécises ou inutiles.
  4. ChatGPT est entraîné sur une grande quantité de données, y compris des données sensibles. Il est donc important de respecter la confidentialité et la vie privée des personnes concernées lors de l’utilisation de ChatGPT.
  5. Enfin, il est important de garder à l’esprit que ChatGPT ne doit pas être utilisé pour remplacer les services professionnels ou médicaux. Si vous avez des problèmes de santé mentale ou physique, il est important de consulter un professionnel qualifié.

Quels conseils donnerais-tu à un élève qui veut utiliser ChatGPT pour faire un devoir ?

Voici quelques conseils que je pourrais donner à un élève qui souhaite utiliser ChatGPT pour faire un devoir :

  1. Utilisez ChatGPT comme un outil de recherche supplémentaire. Bien que ChatGPT puisse fournir des réponses intéressantes, il ne doit pas être considéré comme la seule source d’informations pour un devoir.
  2. Posez des questions précises et claires. Plus la question est spécifique, plus la réponse de ChatGPT sera précise. Évitez les questions ambiguës ou vagues.
  3. Vérifiez les sources des informations fournies par ChatGPT. Bien que ChatGPT puisse fournir des informations pertinentes, il est important de vérifier la fiabilité des sources citées et de les vérifier auprès de sources alternatives.
  4. Ne plagiez pas les réponses fournies par ChatGPT. Si vous utilisez les informations trouvées grâce à ChatGPT, assurez-vous de les paraphraser et de les citer correctement.
  5. Utilisez ChatGPT pour obtenir de l’inspiration, mais ne comptez pas uniquement sur lui. Utilisez votre propre créativité et réflexion pour développer vos idées et vos réponses.

En somme, l’utilisation de ChatGPT peut être utile pour aider à faire des recherches et trouver des informations, mais il est important de l’utiliser de manière responsable et éthique.

Tu es enseignant et tu souhaites initier une classe d’élèves de 16 ans à l’usage de ChatGPT. Proposes une série de 5 activités progressives pour prendre en main l’outil et comprendre les limites d’utilisation. Pour chaque activité, tu préciseras la consigne donnée aux élèves et les points de vigilances sur lequel l’enseignant doit insister. Tu présenteras le résultat sous forme de tableau : activité, consigne, points de vigilance.

Voici une proposition de 5 activités progressives pour initier une classe d’élèves de 16 ans à l’usage de ChatGPT :

ActivitéConsignePoints de vigilance
1. Découvrir ChatGPTFaire une recherche sur ChatGPT et lire les informations disponibles sur le site officiel d’OpenAI.– Insister sur le fait que ChatGPT est une intelligence artificielle et non une personne réelle. – Expliquer les différences entre l’IA et les humains. – Mettre en garde contre les limitations de l’outil et les erreurs possibles.
2. Pose de questions simplesPoser des questions simples à ChatGPT et évaluer les réponses. Par exemple : « Quel est le nom du plus haut sommet du monde ? », « Qui a écrit le roman ‘Les Misérables’ ? », etc.– Insister sur le fait que ChatGPT ne peut donner que des réponses basées sur des informations existantes dans sa base de données. – Encourager les élèves à poser des questions simples et à évaluer la pertinence des réponses.
3. Pose de questions plus complexesPoser des questions plus complexes à ChatGPT et évaluer les réponses. Par exemple : « Quelle est la différence entre un virus et une bactérie ? », « Comment peut-on réduire l’impact du réchauffement climatique ? », etc.– Insister sur le fait que ChatGPT peut parfois donner des réponses erronées ou imprécises. – Encourager les élèves à poser des questions plus complexes et à évaluer la pertinence des réponses.
4. Création d’un dialogueÉcrire un dialogue avec ChatGPT sur un sujet donné (par exemple, l’environnement, les réseaux sociaux, la vie privée, etc.) et évaluer la qualité du dialogue.– Insister sur l’importance de poser des questions précises et de donner des informations claires pour obtenir des réponses pertinentes. – Encourager les élèves à évaluer la qualité du dialogue en fonction de la pertinence des réponses et de la fluidité du dialogue.
5. Analyse critique de ChatGPTAnalyser de manière critique l’utilisation de ChatGPT dans la vie quotidienne, ses avantages et ses limites. Par exemple : Comment ChatGPT peut-il aider les personnes en situation de handicap ? Quelles sont les limites de l’utilisation de ChatGPT dans le domaine de la santé ?– Insister sur l’importance de la réflexion critique sur les avantages et les limites de l’utilisation de ChatGPT. – Encourager les élèves à prendre en compte les enjeux éthiques, sociaux et environnementaux de l’utilisation de l’outil.

Il est important de rappeler aux élèves que ChatGPT est un outil et qu’il ne remplace pas les compétences humaines, telles que la créativité, le jugement critique et l’empathie. Il est également important de souligner que l’utilisation de ChatGPT doit être encadrée par des adultes responsables et formés à l’utilisation de l’IA.

Culture numérique : contours et enjeux

Nous avons publié quelques articles autour de la culture numérique et nous pouvons maintenant commencer à présenter le fruit de nos réflexions de façon un peu plus structurée…

1 – Vous avez dit culture ?

On peut envisager le mot “culture” selon deux sens complémentaires. D’un côté, la culture regroupe tout ce qui touche au patrimoine, que ce soit les arts, les langues, les traditions, les sciences… Et de l’autre, la culture correspond à nos modes de vies, nos usages. On parlera par exemple de la culture jeune qui intègre le langage et le vocabulaire utilisé, la mode vestimentaire, les rites gestuels, les loisirs privilégiés, etc. Mais on peut aussi bien parler de la culture d’une entreprise pour regrouper les valeurs portées, les habitudes de travail, les modes de relations, les règles de vie, …

2 – Comment les outils informatiques impactent-ils notre culture ?

Toutes les données peuvent se retrouver dans un format numérisé ‘homogène’. Que ce soient des textes, des vidéos, des relations, des événements d’un agenda, des opérations bancaires ou des localisations, nous pouvons les coder en une succession de 1 et de 0. Ce format générique permet d’y accéder n’importe quand et n’importe où, mais aussi de générer des critères pour caractériser et quantifier ces données numérisées. On peut ainsi chercher à savoir combien… ? à quelle fréquence… ? quand… ? où… ? Autant d’informations complémentaires qui caractérisent notre utilisation de ces outils et de ces données.

D’un autre côté, ces outils transforment radicalement nos modes de communication et notre relation aux autres. Nous pouvons, à tout moment, entrer en relation avec nos ‘amis’, même les plus éloignés géographiquement, de façon synchrone ou asynchrone, par message textuel audio ou vidéo. Cette opportunité révolutionne le concept de proximité géographique en introduisant une possibilité d’ubiquité qui est “la possibilité d’être à la fois simultanément présent ici et ailleurs” (cf. Retour sur la notion de proximité géographique de A. Torre) sans développer systématiquement des interactions avec nos voisins géographiques (notion de mobilisation des potentialités de la proximité géographique).

 

 

3 – L’image d’un monde idéal

Ces outils informatiques nous donnent l’impression que tout est facile, tout est accessible en un clic ! On peut consommer et trouver n’importe quel objet, en choisissant la taille, la couleur, le délai de livraison, le mode de paiement, … Il en va de même pour la consommation d’informations. Enfin, la participation et l’expression personnelle dans l’agora d’internet est facile : on like, on partage, on diffuse, … presque sans s’en rendre compte.

 

 

Pour compléter cette vision, l’accès à toutes ces ressources (que ce soient des informations, des services ou des personnes) nous permet de travailler de façon plus efficace : on peut collaborer à de nombreux projets, qu’ils soient personnels ou professionnels sans forcément connaître tous les acteurs impliqués. Wikipédia en est l’exemple emblématique. “Pris individuellement, les wikipédiens sont bien moins savants que les savants, mais en s’imposant à chacun de demander aux autres s’ils ont vérifié, sourcé, équilibré, etc., leurs productions, bref, en veillant à ce que les autres aient fait l’effort de découvrir, et ceci, sans jamais interroger le savoir de ceux qu’ils pressent de chercher, ils font advenir une forme de production de connaissance plus solide que celle des savants” (Dominique Cardon et Julien Levrel, Réseaux 2009/2, La vigilance participative. Une interprétation de la gouvernance de wikipedia).

Enfin, nous avons une vision d’un monde équitable. L’accès aux informations est ouverte à tous, sans discrimination. Le web 2.0 a offert à chaque internaute un espace d’expression avec une portée potentiellement mondiale. Chacun a la possibilité d’émettre son point de vue et d’afficher ses convictions librement. Cette légitimité à s’exprimer déborde de l’espace en ligne et influe sur les relations interpersonnelles dans le quotidien, que ce soit en famille ou dans le contexte professionnel, pour ne prendre que ces deux exemples.

 

 

4 – Une lourde responsabilité sur les épaules de chaque utilisateur

Dans ce monde d’apparence facile, efficace et équitable, tout n’est pas si rose. Il incombe à chaque utilisateur d’avoir conscience de l’impact de chacun de ses actes et cela nécessite des efforts non-négligeables qui se répartissent dans trois grandes directions. Le premier effort se situe au niveau des informations que nous recevons. Nous sommes tenus de les filtrer, les traiter, les croiser, les comparer, vérifier les sources pour les comprendre et les analyser. Ce travail ne cherche pas la vérité mais une vision nuancée et équilibrée, intégrant les différents points de vues.

 

 

Le deuxième effort à fournir se rapporte à la mise en place réelle d’une démarche collaborative et consiste à s’engager ‘en aveugle’. Il faut en effet commencer par donner, sans savoir si un retour arrivera et persévérer pour que le collaboration se diffuse au sein d’un collectif. Afin de soutenir cette persévérance, un regard bienveillant sur l’erreur est essentiel : l’erreur n’est pas une faute mais une étape normale du processus d’apprentissage. Tous ces éléments correspondent à un changement de mentalité et représentent un effort réel.

 

 

Enfin, il nous faut prendre conscience de l’impact de nos choix, en prenant en compte leur aspect éthique, social, écologique, … (et on peut allonger la liste). Cela commence par la maîtrise de ses données personnelles et se prolonge rapidement par le choix des outils que l’on utilise. Tous ces choix ne peuvent être qu’un compromis entre le coût financier, l’aspect social et écologique, l’ergonomie, la maîtrise des données traitées, la fiabilité, …

 

 

 

Tous ces éléments nous imposent de toujours chercher l’équilibre entre l’idéal que l’on nous propose et l’effort à fournir pour en avoir un usage raisonné. Nous avons les épaules bien chargées et la responsabilité d’initier nos élèves, mais aussi nos proches à toutes ces évolutions. C’est un vaste programme et un enjeu critique … Un beau défi !

 

 

 

PS : Pour ceux que ça intéresse, voici le lien vers le diaporama utilisé

 

 

Une culture numérique qui prend sa source dans des technologies informatiques

1 – Comment définir cette culture numérique ?

Nous allons ainsi commencer par quelques définitions et précisions. Le terme culture a plusieurs significations différentes, du travail de la terre à l’offre de pratiques et services dans le domaine des arts et des lettres. A la DANE de Dijon, nous entendons par culture « ‘ce qui est commun à un groupe d’individu’ et comme ‘ce qui le soude’, c’est-à-dire ce qui est appris, transmis, produit et créé. » (wikipedia) Cette culture est ainsi en évolution constante et la culture numérique, pensée comme « référence aux changements culturels produits par les développements et la diffusion des technologies numériques et en particulier d’Internet et du web » (wikipedia), n’en est ainsi qu’un avatar actuels. Appréhender une culture numérique pourrait donc consister à identifier ces changements, à en observer les opportunités et les risques et à construire collectivement et individuellement des moyens d’agir adaptés.

2 – Comment des technologies ont transformé notre culture ?

Dans cette logique d’identification des changements, il nous paraît riche d’analyser comment quelques technologies (algorithmes, systèmes embarqués, télécommunications et stockage de données) impactent notre culture.

Ces technologies permettent de démultiplier nos capacités à entrer en relations et entretenir des relations avec autrui, d’une part, et d’autre part, à capter, transmettre, analyser et stocker des données qui ont des formats et contenus d’origine très divers mais se retrouvent toutes dans un format numérisé ‘uniforme’, sans perdre la richesse et la diversité des contenus.

Ces deux démultiplicateurs modifient nos relations aux autres et à nous-même (image de soi, identité numérique, réputation, notion de mémoire, …), au temps et aux lieux (présence et absence, distance et proximité, synchronisme et asynchronisme, …) et aux savoirs (données, informations, connaissances, …).

Enfin, cela interroge nos méthodes de travail, nos modes d’action et nos repères fondamentaux : lois, valeurs, éthique et morale. Il s’avère que toutes les sphères de la société (politique, juridique, sociale, éducative, économique, …) sont impactées par ces évolutions, ce qui incite les sociologues à parler de ‘fait total’ comme le précise JF. Cerisier (dans cette vidéo) « Le numérique est un fait social total au sens du concept proposé par Marcel Mauss parce que ces technologies transforment l’ensemble de la société et de toutes ses institutions. »

3 – Une représentation visuelle

Voici ci dessous une tentative de représentation visuelle de ces relations entre les technologies informatiques et leur impact sur notre culture.

Deux éléments peuvent être discutés particulièrement :

  • On retrouve dans ce schéma une sorte d’engrenage central qui lie les données aux personnes avec un risque de ne plus savoir lequel entraîne l’autre …
  • Les bulles correspondant aux différents aspects impactés de la société ont été positionnées de façon arbitraire, en sachant bien qu’elles sont en fait en lien avec plusieurs autres bulles du schéma.

N’hésitez pas à apporter votre point de vue pour apporter votre éclairage et enrichir le débat, les commentaires vous sont ouverts !

pratiques collaboratives en veille

Je viens de visionner quelques vidéos du colloque « île de sciences » organisé par l’INSTN et le CEA sur les pratiques collaboratives en veille. Cela m’a permis de mieux comprendre comment organiser Prodagéo pour de la veille. Jérôme Bondu présente sa vision du problème en concluant par

« ce qui n’est pas partagé, ce qui n’est pas collaboratif, n’existe pas »

Cette conclusion fait suite à une présentation du contexte du Web2.0 puis des outils produits par cet environnement et enfin les pratiques induites. C’est ainsi que sont répertoriés plusieurs outils que les étudiants doivent mettre en oeuvre au cours du projet de cette année : les flux RSS, les alertes, Yahoo!pipes, les réseaux sociaux et la publication (et le partage) du travail avec netvibes… J.Bondu insiste sur le fait que le partage du fruit du travail est en soi un acte collaboratif, même sans connaître ni définir à priori les personnes susceptibles d’exploiter ce travail.

De son côté, Laurent COUVE présente la mise en place de cellule de veille faisant intervenir des ‘experts’ (ce qui correspond à la structure du projet Prodagéo veille 2009). il insiste sur les qualités que les experts doivent avoir :

– expertise suffisante et tenue à jour,
– curiosité,
– enthousiasme,
– maîtrise des langues étrangères,
– esprit d’analyse et de synthèse.

Il est clair que lors du précédent projet, les étudiants informaticiens n’étaient pas experts du domaine même s’ils étaient tenus d’en connaître un peu plus que leurs homologues de l’IUT. C’est à mon avis une des raisons essentielles des difficultés rencontrées et de la baisse de la motivation générale lors de ce projet.

Voici ci-dessous la synthèse de la collaboration experts-veilleurs qui me semble importante à conserver pour des prochains projets …

répartition des rôles entre veileurs et experts dans un projet de veille collaborative (extrait de la présentation de Laurent Couve)

Il sera intéressant de voir à la fin du projet de cette année, si les étudiants informaticiens auront apporté un regard de ‘connaisseur’ et comment ils l’auront fait.

Un nouveau projet collaboratif de veille

C’est reparti pour un projet de veille associant les étudiants du BTS IRIS à ceux de l’IUT Info-Com de Dijon ! L’organisation cette année se fera autour d’une page personnalisable (iGoogle, netvibes, pageflakes, webwag, ou autre …). Le thème général retenu s’articule autour des réseaux sociaux et de l’ identité numérique (c’est à la mode !!!). Voici les 8 sujets proposés :

– identité numérique
– réseaux sociaux
– communauté de pratique
– e-portfolio
– e-réputation
– twitter
– facebook
– buddypress

L’idée est que les étudiants de l’IUT s’occupent de fournir du contenu : les sources d’informations à suivre (fils RSS, #hashtag, @identifants twitter, tags delicious, …) ainsi que les références des sources qui ne sont pas accessibles en ligne. Les étudiants informaticiens sont quant à eux responsables de la mise en forme de toutes ces informations (filtrage, dédoublonnage, …) et de la structuration de la page. Ce travail doit aboutir à une carte du sujet concerné recensant et structurant les sources d’informations repérées.

1 – Qu’attendre d’une telle activité ?

C’est la première question à se poser avant d’envisager un tel projet … Pour ma part, voici mes réponses pour les étudiants informaticiens :

– le travail en groupe, avec confrontation à des personnes extérieures au groupe classe : cela offre une occasion de communication ‘professionnelle’ réelle avec des personnes d’origine et de culture différente.
– la découverte des méthodes de veille : la veille n’est pas réservée aux veilleurs et documentalistes, il est à mon avis important d’initier les étudiants aux méthodes de veilles ainsi qu’aux outils utilisables pour synthétiser et publier ce travail.
les réseaux sociaux et l’identité numérique sont deux phénomènes que les étudiants doivent appréhender pour prendre conscience de l’intérêt et des limites du web 2.0.
– voir autrement l’algorithmique en utilisant Yahoo!pipes pour triturer les flux RSS.
configurer un service (la page d’accueil) en respectant les avis d’un ensemble de personnes (le cahier des charges n’est pas strict et défini à l’avance).
– la curiosité : ah ! si les étudiants pouvaient être curieux et assoiffés d’apprendre … Donnons-leur l’occasion de découvrir qu’apprendre n’est pas toujours fastidieux et qu’ensemble on peut faire plus et mieux que la somme du travail isolé de chacun …

2 – Comment évaluer un tel travail ?

Les réponses à la question précédente permettent de baliser le projet et définir les points qui seront évalués. Ainsi, la configuration de l’interface sera évaluée de façon sommative (justification de l’outil choisi, configuration, ergonomie) ainsi que le travail effectué sur l’enrichissement des flux suivis à l’aide de Yahoo!pipes.

Le travail collaboratif sera analysé par les étudiants : une réunion à mi-projet doit permettre de faire le point sur les interactions entre les étudiants, à cette occasion, ils devront présenter leur vision du fonctionnement de l’équipe géodistribuée et leurs propositions pour perfectionner l’organisation. Cette analyse sera commentée par les enseignants.

Enfin, il est prévu de faire une évaluation sommative sur le contenu des informations collectées lors de l’exercice ainsi que les méthodes et les outils utilisés par les différents groupes. Cela devrait motiver les étudiants à suivre le travail de tous les groupes…

3 – Un peu plus d’informations …

Voici le diaporama de présentation aux étudiants qui recense le travail de chacun, les sujets de veille et quelques liens pour débuter dans le travail.

Ci-dessous, une représentation temporelle du déroulement du projet avec définition des rôles de chacun.

Dernière minute ! il manque malheureusement une équipe d’étudiants de l’IUT à mettre en face des informaticiens, nous remplirons ce rôle, ce sera l’occasion de voir l’influence d’une autre organisation du travail et des équipes. Le thèmes que nous devons traiter est Twitter, affaire à suivre …

Synthèse de la veille collaborative (suite)

Nous venons de nous rencontrer entre enseignants des 2 formations concernés (BTS IRIS et IUT GIDO) et avons essayé de faire un bilan de ce projet. Tout d’abord le résultat global est plutôt positif :

  • C’est un exercice original et motivant,
  • Il permet de mettre en pratique des méthodes et outils vus au cours de la formation,
  • Lorsque la collaboration se passe bien, les résultats sont riches.

Les critiques portent essentiellement sur l’organisation qui n’était pas assez précise (répartition des tâches, résultat attendu, outils mal adaptés, difficulté à respecter les délais). Ces différents points étaient ressortis de l’enquête auprès des étudiants dont les résultats sont présentés ici.
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Nous étions tous d’accord pour dire qu’il était intéressant de reconduire un projet analogue l’année prochaine en corrigeant quelques imperfections :

  • Bien définir l’objectif du projet et le résultat attendu de la collaboration. Ce résultat doit être limité à un artefact qui n’est pas forcément un rapport papier. C’est à partir de ce choix que vont découler les autres ajustements.
  • Une fois l’objectif final défini, on peut identifier comment les étudiants de chaque formation peuvent concourir pour l’atteindre. Cela nous permettra de définir les rôles et responsabilités des différents étudiants.
  • A partir de ces clarifications, nous pourrons repérer les modes de communication les plus adaptés entre les étudiants et en déduire les outils mettre en œuvre. Il est apparu un manque de communication synchrone entre les étudiants lors de ce projet, il faudra sûrement en tenir compte pour la prochaine occurrence et prévoir sans doute une rencontre en présentiel supplémentaire au cours du projet.
  • Nous n’aurons plus alors qu’à définir un planning complet et précis du déroulement du projet (qui sera transmis aux étudiants) et définir les critères d’évaluation pour chaque formation. Il apparaît que la note reste toujours une carotte efficace pour motiver les étudiants et les inciter à s’impliquer dans une activité.

Sachant que le projet se déroulera l’année prochaine à la même période (fevrier-mars), il nous reste une dizaine de mois pour mettre au point une nouvelle version du scénario. L’objectif actuellement est de mettre au point une grille pour définir le scénario à partir de la grille actuelle et des conclusions tirées de l’expérience.

Synthèse de la veille collaborative

Eh oui! …La veille collaborative est fini … Pendant 2 mois les étudiants du BTS IRIS et de l’IUT Info-Com de DIJON ont dû travailler ensemble pour construire des dossiers sur des thèmes de l’informatique professionnelle. A la suite de ce travail collaboratif, un questionnaire a été envoyé à chacun pour évaluer cette activité. Voici les premiers résultats. D’emblée, on constate que les étudiants ont bien adhéré au principe d’un travail collaboratif et qu’ils ont été satisfaits de la durée et de la définition du cahier des charges. La satisfaction est beaucoup plus mitigée par rapport à l’instrumentation proposée (wiki et blog) et la fréquence des rencontres entre les étudiants des 2 formations. La grande majorité n’est pas satisfaite de la collaboration qui s’est établie …

A la lumière de ces résultats et à la suite d’un débriefing avec les étudiants IRIS, il est ressorti ce qui suit :

  • Il faudrait prévoir une rencontre toutes les 2 ou 3 semaines entre les deux formations à conditions que chacun avance dans son travail respectif. Cette réunion peut se faire en face à face ou à travers des outils standards : clavardage, audioconférence, visioconférence, …
  • Il faut plus définir les rôles et responsabilités de chacun : les ‘veilleurs’ cherchent des documents, les lisent et piochent les passages intéressants tandis que les ‘spécialistes métier’ construisent tout au long du projet une synthèse (sous forme de carte par exemple). Cette synthèse sert de base pour chaque rencontre inter-formation.
  • L’utilisation conjointe du blog et du wiki n’a pas été jugée judicieuse : il était difficile de savoir quel outil utiliser quand. Il paraît judicieux d’utiliser un outil de partage de signet (Diigo semble tout à fait approprié avec la possibilité de surligner des passages) plutôt qu’un blog pour partager les ressources repérées.
  • Certains étudiants ont fait ressortir le manque de planification du projet : pour une prochaine fois, on peut envisager un scénario agile qui se déroulerait comme suit :
    • une rencontre de présentation
    • une phase de recherche de vocabulaire métier de base avec définition (on peut envisager une construction collaborative d’un lexique)
    • puis une alternance de rencontres / périodes de veille pour approfondir un des aspects du sujet d’étude.

Voilà pour une première synthèse à partir des réponses des étudiants à l’enquête d’évaluation du projet. Une rencontre avec les enseignants de l’IUT a eu lieue, et la synthèse est ici

les blogs de veille

Les blogs de veille collaborative commencent à pointer leur nez. Voici la liste complète pour accéder à chacun d’enter eux :

Boucle locale
Mesure de déplacement et pression
Méthodes agiles
Vision en industrie
Design Pattern
Supervision
Virtualisation

Tous ces blogs sont regroupés sur la page « Veille Collaborative » de l’espace netvibes de Prodagéo …

Le principe de l’exercice est le suivant : en groupe, des étudiants d’IUT Information-Communication veillent sur un des sujets ci-dessus et animent un blog. Ils doivent y présenter aussi bien leur démarche de veille que les résultats de leur travail. Les étudiants de BTS IRIS (informatique) commentent les billets pour orienter les recherches. On allie l’expertise méthode des uns et l’expertise métier des autres. De plus, les étudiants informaticiens ont la responsabilité d’appliquer au blog une charte graphique définie.

Un nouveau projet qui démarre

Cela fait quelques temps que je vous parle de veille collaborative, de co-construction du savoir, …
Voici la présentation d’un projet de veille collaborative telle qu’elle a été faite qux étudiants des 2 formations (BTS IRIS et IUT info-com) de Dijon qui se sont réunis il y a quelques jours dans les locaux de l’IUT.
Ce projet se déroule de mi-janvier à fin mars 2009. Le scénario du projet est disponible ici.

Un scénario pour la veille collaborative

Voici une représentation graphique du scénario du projet de veille collaborative entre les étudiants du BTS IRIS du lycée Eiffel et ceux de l’IUT info-Com (2 formations de Dijon).

scenario_veille_collaborative2

Voici la liste des différents sujets abordés :

– les méthodes agiles de gestion de projet
– les superviseurs
– les mesures de pression et déplacement
– la boucle locale
– la virtualisation
– les design pattern
– les capteurs de vision et leur utilisation industrielle

Dès que les blogs de veille seront en place, les différentes adresses seront diffusées largement …