Le mythe du brainstorming

Jonah Lehrer critique le brainstorming dans sa structure. A partir d’une analyse pertinente, il énumère les caractéristiques qui permettent un travail en groupe efficace. Les idées pédagogiques « à la mode » (MOOC et Flipped Classroom) semblent bien répondre à ces critères. De son côté, Gregg Graham s’appuie sur la critique de Lehrer pour justifier son approche orientée vers la pensée réflexive…

CELLO CC by icultist

Jonah Lehrer a écrit un article Groupthink : The brainstorming myth qui a eu un franc succès. Il a été repris en français sur internet actu (au-delà du brainstorming). Jonah Lehrer y relativise l’intérêt du brainstorming et analyse les paramètres qui favorisent la créativité dans un travail en groupe. Il en ressort 3 grandes caractéristiques :

  • La confrontation : tout le monde a le droit de critiquer, défendre, argumenter une idée.
  • Le groupe est hétérogène : il intègre des personnes d’origines variées, de cultures différentes en mixant nouveaux et anciens.
  • Les locaux sont flexibles pour favoriser les rencontres et s’adapter aux besoins.

Lehrer conclut par : « Ce sont les frictions humaines qui font jaillir les étincelles. »

Il me semble que deux propositions pédagogiques « à la mode » cherchent à faciliter ces frictions humaines : les « flipped classroom » et les MOOC.

1 – La classe inversée ou Flipped classroom

L’article de Steve Roy présente simplement, et en Français, le fonctionnement de ce concept. L’idée est de proposer aux étudiants de travailler les contenus disciplinaires chez eux à partir de lectures sélectionnées et de vidéos réalisées par les enseignants. Un forum est ouvert en parallèle pour échanger sur ces ressources, poser des questions, approfondir les contenus. Les séances de cours en présentiel sont alors exploitées pour des activités collectives d’appropriation et de contextualisation.

On retrouve bien la composante ‘confrontation’, aussi bien dans le forum (travail préliminaire) que dans l’activité en présentiel. L’hétérogénéité du groupe est difficile à assurer, c’est une dimension qui n’est pas spécifiquement travaillée dans ce modèle… La flexibilité des locaux doit être remplacée par la diversification des activités (qui devront être judicieusement choisies en fonction des compétences que l’on souhaite voir les étudiants développer).

2 – Le MOOC

Le MOOC, Massive Open Online Course, que l’on pourrait traduire par CELLO : Cours En Ligne Largement Ouvert – d’où l’illustration 😉 – est la concrétisation des concepts connectivistes. Une présentation complète du principe est accessible sur cursus.edu. Il est prévu pour accueillir un grand nombre d’apprenants, en s’ouvrant à un public plus large que les étudiants d’une institution (cela augmente l’hétérogénéité du groupe). L’idée principale est que les enseignants proposent des ressources, les apprenants se les approprient en construisant et publiant d’autres ressources (vidéos, tutoriels, articles de blogs, podcasts, schémas, … seuls ou à plusieurs). Petit à petit, un réseau se met en place, tout le monde peut réagir aux propositions de chacun (c’est la confrontation). La connaissance émerge du processus … On cherche l’apprentissage, sans exigence spécifique sur la production, en faisant confiance à l’apprenant pour trouver la méthode qui lui est adaptée pour s’approprier les différents concepts et notions (c’est dans cette dimension que la formation est flexible).

3 – Une autre voie : la pensée réflexive

L’article de Lehrer a aussi été commenté par Gregg Graham (Why I No Longer Use Groups in the Classroom). Il s’appuie sur cet article pour présenter son expérience personnelle d’enseignant où le travail en groupe ne porte pas les fruits escomptés. Il préfère de beaucoup faire travailler ses étudiants sur la pensée réflexive afin des les inciter à formaliser leurs apprentissages. Il propose donc, pendant ses heures de cours, des temps de réflexion solitaire pour que chacun puisse analyser son cheminement tout au long de la formation. Cette analyse réflexive peut aussi se faire en groupe comme par exemple lors de périodes d’analyse de pratique dans des formations en alternance.

4 – Conclusion

Lehrer critique le brainstorming mais pas les activités de groupe. Je pense que ces trois pistes sont intéressantes et surtout complémentaires. Elles permettent de développer l’apprendre à apprendre, seul, en groupe ou en réseau. A ce sujet, la causerie sur la différence entre groupe et réseau ci-dessous est très intéressante !

Une fois encore, plutôt que de promouvoir telle ou telle approche, il me semble essentiel de favoriser la diversité et la variété …

2 Réponses to “Le mythe du brainstorming”

  1. Former à la créativité « Prodageo Says:

    […] intervention à l’université du SI. D’un autre côté, Jonah Lehrer rappelle que “ce sont les frictions humaines qui font jaillir les étincelles”. Pour développer la créativité, il propose de travailler avec des groupes hétérogènes, […]

  2. Brainstorming 4 | Pearltrees Says:

    […] dʼingénierie et de design « classique », elle compte actuellement 11 bureaux dans le monde. Le mythe du brainstorming. Jonah Lehrer critique le brainstorming dans sa […]


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