Des MOOC pour le secondaire ?

Dans le cadre du colloque e-education « le numérique en questions », j’ai proposé de présenter un retour d’expérience sur la mise en place de MOOC dans le secondaire en m’appuyant sur mon expérience (mise en place du Classe-MOOC) et les réflexions que je vous ai déjà partagées dans ce blog. Voici donc un premier jet de ces idées, histoire de me mettre en jambe …

1 – un MOOC au secondaire, c’est possible ?

Un MOOC est une formation en ligne, ouverte à tous. On peut l’envisager comme une transposition des MOOC universitaires en adaptant le niveau au contexte scolaire et on arrive à des choses comme ce que propose franceTVéducation :

Des MOOC de France TV éducation

Des MOOC de France TV éducation

Mais on peut aussi envisager un MOOC comme une fenêtre grande ouverte sur le monde, qui offre la possibilité de créer des interactions avec l’extérieur. Cela rejoint le discours de Julie Higounet, chef de projet des « usages numériques » à la Direction du Numérique pour l’Education (DNE — DGESCO) qui propose de travailler 3 relations dans l’enseignement :

  • la relation entre élèves et enseignants,
  • la relation entre élèves,
  • la relations avec les autres (le reste du monde).

Cette position rejoint aussi le point de vue de Stephen Downes qui dit que le côté massif (le M de MOOC) consiste à changer l’échelle du cours. Le premier MOOC a été l’ouverture au monde d’un cours donné à 25 personnes : plus de 2000 personnes ont suivi ce cours, y ont participé et ont enrichi les échanges sur la plateforme.

2 – Le MOOC comme un voyage

Les voyages scolaires sont une institution. Pourquoi ne pas remplacer un tel déplacement par un voyage en littératie numérique ?

Quels peuvent être les objectifs pédagogiques d’un tel voyage ?

  • lire numérique : cela englobe la recherche d’information, la vérification des sources, le recoupement des données, le traitement et la synthèse de ces documents.
  • écrire numérique : produire et publier des documents multimédia. Cela peut être du texte,  des graphiques, des vidéos, etc …
  • travailler en équipe et/ou en réseau : s’organiser, respecter un échéancier, s’écouter, argumenter, trouver un compromis, …

3 – Comment s’organiser ?

L’idée peut être séduisante, reste à s’organiser … De mon expérience de Classe-MOOC, voici quelques conseils :

  • Banaliser une semaine pour être complètement immergé dans le MOOC.
  • Définir un sujet qui peut intégrer un maximum de disciplines du programme et susceptible de motiver vos élèves : des grands sujets de société comme les réseaux sociaux, la ville durable ou intelligente, les données ouvertes, … peuvent être facilement intégrés à de nombreux programmes. Si vous proposez les grandes lignes de la thématique, laissez à vos élèves le choix de leur sujet d’étude. Cela accroitra leur engagement et leur permettra de travailler sur la construction d’une problématique.
  • Trouver des partenaires : c’est sans doute ce qui sera plus compliqué. Il est intéressant de chercher des  établissements partenaires dont les élèves pourront vivre le MOOC en même temps que vous, mais aussi des professionnels qui pourront apporter un regard d’expert. Leur participation pourra être de lire quelques productions (et si possible réagir), participer à une interview en ligne ou venir intervenir dans l’établissement, …
  • Anticiper, anticiper et encore anticiper … Comme pour un voyage scolaire, il y a un sérieux travail de préparation pour baliser le sujet, repérer des sources d’information pertinentes, penser à la constitution de groupes, l’évaluation, les contraintes techniques liées à l’établissement (l’accès internet par exemple …), les outils utilisés, etc…
  • Définir un planning pour la semaine. Alors là, c’est facile, vous pouvez vous inspirer de celui que nous avons utilisé qui a été assez bien respecté. Comme vous pouvez le constater (si vous avez ouvert le planning) ça n’est pas parce que la semaine est banalisée qu’il n’y a pas d’intervention de l’enseignant. Plusieurs sujets méritent d’être présentés/débattus pour que la semaine se déroule dans de bonnes conditions. On avait prévu d’aborder :
    • qu’est-ce qu’une problématique ?
    • qu’est-ce qu’une réunion de travail ?
    • comment faire une recherche sur internet ?
    • auquel on pouvait ajouter « comment construire une carte mentale ? » et « comment réaliser une présentation de qualité ? »
  • Définir les outils : nous avons utilisé un blog par groupe pour présenter l’avancement du travail sur la semaine, un univers netvibes pour regrouper en un lieu unique l’ensemble des productions et twitter avec un hashtag prédéfini (#dataweek) pour partager le vécu, les trouvailles, les émotions …

netvibes classMOOC

 

4 – Quels sont les points de vigilance auxquels il faut faire attention ?

Deux aspects me semblent particulièrement important :

  • la problématique sur laquelle les élèves vont travailler doit être claire et précise. L’expérience montre que le travail de toute la semaine et la production finale sont très décevants lorsque la problématique est bancale.
  • La place et le rôle des enseignants doivent être clairs et anticipés. Ils ont un rôle d’accompagnement. J’aime bien la formule qui dit de « laisser errer sans laisser échouer ». L’enseignant est là pour poser des questions plutôt que donner des réponses. Il doit accepter de ne pas tout connaître et apprendre à côté des élèves. Un enseignant qui se lance dans un tel projet va développer un large panel de compétences : accompagnement, esprit critique, esprit d’initiative, réactivité, analyse réflexive, travail collaboratif qui sont utiles pour développer ces mêmes compétences chez les élèves !

5 – Pour aller plus loin

Une présentation complète de l’organisation de notre classe-MOOC est accessible ici : http://sites.google.com/site/classemooc

Cette présentation du MOOC comme un voyage est personnelle, d’autres solutions sont possibles pour ouvrir la classe au monde. Ainsi les twittclasses offrent une autre alternative, de la maternelle au supérieur !

Pour nourrir votre réflexion sur l’ouverture de la pédagogie, je ne peux m’empêcher de remettre cette illustration de la pédagogie ouverte qui est toujours d’actualité. A la fin de cet article, il me semble qu’il faudrait déplacer l’utilisation des média sociaux entre la coopération et la transparence 😉

pédagogie ouverte

pédagogie ouverte

 N’hésitez pas à réagir pour enrichir la présentation et à bientôt à Poitiers, pour ceux qui y seront !

Publié dans classe-mooc, collaboratif, MOOC, TICE. Étiquettes : . 21 Comments »

Qu’ai-je appris du Classe-MOOC ?

jumptoconclusion CC-BY htomren

jump to conclusion

Le Classe-MOOC est fini mais il ne faut pas l’enterrer pour autant. Il y a plusieurs conclusions à en tirer et ce serait dommage de passer à côté, non ? Surtout si vous êtes tentés pour lancer (en l’adaptant si nécessaire) un tel projet chez vous …

Cela fait quelques temps que le Classe-MOOC s’est terminé et je n’ai pas encore pris le temps d’en faire une analyse. La voici enfin !

Tout d’abord, je ne suis plus enseignant avec ces étudiants étant maintenant conseiller pédagogique à la DAFPIC de Dijon pour le réseau des GRETA de Bourgogne. Cela m’a laissé peu de temps pour vivre et suivre ce projet. Voici donc en vrac quelques réflexions et préconisations si cela en intéresse quelques uns …

1 – Le suivi des étudiants

L’observation des étudiants dans leurs démarches de travail est une activité essentielle dans ce type de projet. Cela permet de repérer les points de blocage, les difficultés et les avancées. Cette observation doit se faire à tous les niveaux, que ce soit sur l’utilisation des outils (par exemple en abordant la question des licences et du droit d’utilisation d’un outil ou d’une image) ou de méthodes de travail (organisation, collaboration, négociation, gestion du temps, …)

Cette observation est surtout la base de temps d’analyses de pratiques. Ces phases de relecture permettent de partager les solutions trouvées par les uns et les autres confrontés à la même situation. Il est essentiel de prendre le temps avec les étudiants pour les aider à faire émerger et consolider ces apprentissages ‘informels’ dans notre contexte très formel.

Il est essentiel de développer les compétences en accompagnement des enseignants pour qu’ils puissent être à l’aise pour intervenir dans des situations variées où ils ne sont plus exclusivement les détenteurs du savoir.

2 – Organisation temporelle et collaboration

Le classe-MOOC a été vécu par deux formations dijonnaises, l’une étant déchargée totalement de cours sur la semaine, l’autre ayant un emploi du temps aménagé pour libérer plusieurs plages pour travailler sur ce projet. Comme souvent, ceux qui avaient du temps ont trouvé le projet trop long et les autres trop court (c’est dur de trouver le juste milieu !!!)

Les étudiants se sont regroupés deux fois :

  • lors de la première demi-journée, nous leur avons présenté le projet (comme ici) et leur avons proposé de travailler en groupe pour baliser un peu la thématique et les aider à définir leur problématique.
  • lors de la dernière demi-journée, une synthèse a été réalisée permettant à plusieurs groupes (élus par les étudiants) de présenter leur travail et à une professionnelle de présenter son travail.

Il est ressorti du questionnaire proposé aux étudiants qu’ils étaient frustrés et attendaient plus de collaboration entre les formations.

C’est encore une fois le rappel que la collaboration n’est pas spontanée et qu’il faut l’initier, la soutenir et l’entretenir … les outils ont beau être présents et faciles d’utilisation, il manque la prise d’initiative et de décision. Cela rejoint ce que dit G. Le Boterf sur la compétence :

« Je fais confiance à un professionnel, je le reconnais comme compétent s’il sait prendre des décisions pertinentes dans les situations qu’il doit traiter. »

Ce constat est intéressant, il met en relief un objectif ‘possible’ pour ces formations : développer l’esprit d’initiative. Encore faut-il que les équipes enseignantes s’en emparent …

3 -La qualité du travail d’équipe

La production finale dépend beaucoup de qualité de la problématique proposée par les étudiants. Ce point avait déjà été relevé il y a deux ans mais s’est présenté de façon encore plus flagrante cette année. Il est donc essentiel que l’équipe enseignante soit exigeante à ce niveau, c’est un service qu’elle rendra aux étudiants ! Cela nécessite un esprit critique et une qualité de communication et d’accompagnement de l’équipe enseignante…

4 – L’intervention d’une professionnelle

Agnès Thouvenot a eu la gentillesse de bien vouloir participer à cette journée de clôture. Elle nous a présenté son cheminement par rapport aux données ouvertes et leur utilisation dans son métier de journaliste. Elle a bien fait ressortir son besoin de formation et l’organisation qui s’est mise en place avec d’autres journalistes pour se soutenir dans cette démarche et avancer ensemble (c’est le début d’une communauté !) . De plus, elle a présenté avec simplicité à quel point le formalisme informatique était un point de blocage pour elle. Cette ‘confession’ devrait être payante puisqu’une collaboration devrait s’organiser entre A. Thouvenot et les étudiants informaticiens pour qu’ils réalisent des modes d’emplois et tutoriels sur une liste d’outils choisis.

Conclusion

Un tel projet nécessite un investissement fort de l’équipe enseignante, aussi bien  par le temps consacré que par les compétences mises en œuvre. Ce projet a été l’occasion de mettre en avant quelques une de ces compétences si importantes pour un enseignant (accompagnement, esprit critique, esprit d’initiative, réactivité, analyse réflexive) qui cherche à développer des compétences durables chez ses étudiants ou élèves.

En fait, ce projet permet de voir que ce sont les mêmes compétences que doivent développer les enseignants et les élèves, les uns accompagnant les autres … et réciproquement !

Crédit photo : jumptoconclusion CC-BY htomren

Publié dans classe-mooc, collaboratif, MOOC. Étiquettes : . 6 Comments »

Classe-MOOC : C’est parti !

C’est parti pour le Classe-Mooc ! Ce matin, 73 étudiants se sont regroupés à l’IUT info Com de Dijon pour entamer cette semaine de travail sur « un monde de données« .

La matinée a commencée par une présentation rapide des formations que suivent les différents étudiants participants avant de rentrer dans le vif du sujet :  La semaine, ses tenants et aboutissants :

Dès la première heure, tout le monde était au travail, photo à l’appui !

Au boulot !

Au boulot !

Vous pouvez suivre l’avancée des étudiants sur twitter avec le hashtag (mot-clic) #dataweek ou sur l’univers netvibes qui a été créé à cet effet.

Bonne semaine à chacun !

Publié dans classe-mooc, collaboratif, MOOC. Étiquettes : . 1 Comment »

Où en est-on du classe-MOOC ?

Nous organisons un classe-MOOC du 16 au 20 septembre 2013 sur la thématique « open data, big data, long data, quantified self : un monde de données ». Pour vous faire un état des lieux du Classe-MOOC, je vais m’appuyer sur les premiers points de l’article de Matthieu Cisel « Monter son MOOC en 7 étapes« , puisque c’est un peu ce qui se passe …

Monter son MOOC en 7 étapes

Monter son MOOC en 7 étapes

1 – L’avant-projet

Quel public ? Quels objectifs ? Quelle scénarisation ? Quels outils ? Vastes questions !!!

Le public visé est constitué de groupes d’étudiants (groupes de TD, classes ou promotions) en début d’études supérieures (Bac +1,  Bac +2). L’objectif est de leur proposer une semaine d’initiation au travail en équipe et à la recherche d’information, différente de ce qu’ils ont vécu jusque là où ils seront responsables de leur formation. L’objectif cherché en faisant cohabiter des groupes de formations différentes est d’éveiller la curiosité, de faire prendre conscience qu’un même sujet peut être traité sous différents angles et présenté sous différentes formes, selon la culture et la sensibilité de chacun, ces différents points de vues s’enrichissant les uns, les autres.

Le projet va se dérouler sur une semaine, la scénarisation va donc devoir être ‘condensée’ :

  • La première journée est consacrée au balisage du sujet et à la définition des problématiques sur lesquelles les différents groupes vont travailler.
  • La dernière journée sera l’occasion de présenter les productions des uns et des autres, de relire la semaine et de repérer les apprentissages réalisés.
  • Les trois jours au milieu sont laissés à la discrétion des équipes enseignantes de chaque formation pour soutenir le cheminement allant de la problématique à la production finale (il y sera sans doute question d’organisation du travail dans une équipe, de recherche d’information, de présentation de l’information, etc …).

Chaque groupe animera un blog pour présenter son cheminement et devra rédiger au moins un billet quotidien. Un univers Netvibes permettra de regrouper tous les blogs sur une seule page. Un hashtag devrait permettre de fédérer les échanges sur Twitter.

2 – Le recrutement

L’objectif est d’impliquer le plus grand nombre d’étudiants possibles et donc de recruter leurs enseignants pour monter ce projet dans leur institution. Et ça ! c’est un vrai défi. Pour l’instant, 3 formations dijonnaises sont impliquées ce qui représente environs 70 étudiants. On peut lire cet état des lieux de 2 façons complémentaires :

  • Les trois formations impliquées sont dijonnaises, parce que c’est le ‘porte à porte’, auprès de mon réseau personnel qui a été efficace. Il faut prendre le temps de rencontrer les personnes, de présenter le projet et de montrer que c’est une autre approche pédagogique qui s’intègre à leur formation sans ‘perdre du temps’ …
  • 70 participants, c’est pas énorme ! Lors de la précédente version d’un tel projet, 80% de participants avaient été motivés et impliqués pendant la semaine. Si l’on compare au MOOC gestion de projet, il y avait une soixantaine de participants actifs à la certification par groupe : on est dans le même ordre de grandeur, alors 70 participants, c’est quand même pas mal !

Il n’a pas été possible de réaliser le projet avec les deux formations partenaires d’origine car cela bloquait au niveau de l’organisation calendaire pour l’une et que l’équipe enseignante de l’autre n’était pas prête pour un travail inter-établissements. C’est dommage, peut-être n’est-ce que partie remise …

3 – La conception

Comme précisé plus haut, la plate-forme sera minimaliste (un univers Netvibes). Nous sommes en phase de repérage des ressources qui seront proposées aux étudiants pour cerner le sujet étudié.

Nous avons aussi cherché à contacter des professionnels qui pourraient apporter leur éclairage sur la thématique via le réseau OKFN France, 5 personnes ont manifesté de l’intérêt pour ce projet.

Il n’est pas du tout prévu de version bêta pour tester le dispositif mais en fait,  c’est peut-être ce classe-MOOC qui est la version bêta …

N’hésitez pas à aller parcourir le site du projet et à réagir pour apporter votre contribution.

PS : La présentation des autres points abordés par l’article de Matthieu Cisel (lancement, déroulement analyse)  est encore prématurée !

Source dessin:  Fond: MOOC GdP (équipe L-MOOC) Forme: Frédéric Duriez, à partir de l’article « monter son MOOC en 7 étapes« 

MOOC et SoLoMo

Si l’on veut définir simplement un MOOC, c’est un cours en ligne, ouvert au plus grand nombre et qui s’appuie  sur les interactions entre les participants dans un esprit d’apprentissage social (d’où l’intérêt du grand nombre). De son côté, le SoLoMo (pour Social, Local, Mobile) est un leitmotiv dans le développement web depuis deux ans environs. Mais que peut apporter l’approche SoLoMo à un MOOC ?

1 – Social

C’est natif dans le MOOC, l’apprentissage est social. Dans une première approche, cela se transcrit par les outils utilisés (forum, blog, microblog, réseaux sociaux, …) qui permettent  un brassage des idées et une co-construction de l’apprentissage.

L’aspect social ne s’arrête pas là, il est de plus en plus demandé aux participants d’évaluer leurs pairs. Cet exercice nécessite de prendre du recul par rapport au contenu, d’entrer dans le raisonnement de l’autre, voire, de se laisser changer par l’autre. Une telle démarche impose un accompagnement, par exemple en proposant un ‘guide de l’évaluation’ ou une grille d’évaluation (réalisée par un des groupes participants à MOOC Gestion de Projet). Elle permet de combiner deux approches de l’évaluation :

  • Une mesure du niveau de compétence (de l’évalué)
  • Une occasion d’apprendre (pour l’évaluateur)

2 – Local

coworking

coworking

J’entends par local la possibilité pour les apprenants de se retrouver physiquement pour travailler ensemble. Quels peuvent être ces lieux de co-working ?  Les universités, les espaces numériques, tout hotspot wifi, …   Cet encrage local peut permettre une émulation et un soutien de la motivation  et de l’implication de chacun. De plus, suivant le lieu, il peut y avoir des enseignants et/ou des assistants techniques disponibles pour aider les participants à se repérer et  naviguer dans le MOOC. C’est cette dimension locale qui est recherchée dans un classe-MOOC. Il s’avère que l’instauration généralisée sur plusieurs sites d’une telle logistique est compliquée. Il me paraît cependant intéressant d’inciter les participants à se regrouper, par exemple en organisant une « fête des voisins du MOOC ».

3 – Mobile

J’ai tout le MOOC dans ma poche, facilement accessible pendant les temps morts de la journée (dans les transports en commun, en attendant le début d’une réunion, …). Cette approche impose ainsi des contraintes sur les outils utilisés (plateforme adaptée adoptant le responsive design par exemple) et les ressources proposées (éviter les PDF de 15 pages). Cela permet de moins perdre son temps, de remplir les temps morts de la journée par des activités pertinentes. Bien sûr, l’idée n’est pas de supprimer les temps de pause mais de les choisir plutôt que de les subir.

4 – N’y a-t-il pas d’autres approches possibles ?

Bien sûr que si ! Des spécialistes pensent que le ToDaClo (pour Touch, Data, Cloud) apporte des leviers intéressants pour l’innovation. Cela s’adapte-t-il aux MOOC ?

  • L’aspect Touch est dans le prolongement direct de l’approche Mobile du premier modèle, il s’agit d’une nouvelle évolution de l’interface.
  • L’approche Data me paraît très forte d’un point de vue économique. Que vendent réellement les grandes plateformes de MOOC (Edx, Coursera, et consorts) des cours, ou des données sur les inscrits à leurs cours ? Est-ce que la vrai valeur marchande des MOOC, ça n’est pas nous, participants à ces cours ?  Cela suppose que l’on a sa plateforme de MOOC avec en parallèle, un moteur qui filtre, traite, rumine, (on peut rajouter tous les verbes que l’on veut) les données sur les participants. L’approche Big Data sur les MOOC est économiquement très importante mais peut-être un peu oubliée dans l’approche francophone, plus philanthrope que business.
  • L’aspect Cloud découle directement des datas, soit on a sa plateforme cloud, que l’on maîtrise de A à Z, et on a accès à toutes les données sur les participants, soit on a une plateforme ‘minimale’ adossée aux outils grand public et les comportements du participants nous échappe !

5 – Qu’en retenir ?

L’approche SoLoMo me semble cohérente, mais la mise en place de la dimension locale est très compliquée actuellement. Je suis pourtant convaincu que c’est un vecteur essentiel de démocratisation des MOOC auprès des publics les moins qualifiés.

L’approche ToDaClo inverse le modèle économique, mais elle n’est adaptée qu’aux superstructures (pour l’instant américaines, mais peut-être indiennes ou chinoises bientôt). J’ai quand même un espoir avec l’arrivée ‘proche’ de Claroline Connect qui devrait permettre de monter un cloud pédagogique, distribué, ouvert et libre : une fenêtre qui s’ouvre pour les humanistes qui y croient !

Crédit photo CC By Yutaca-f Coworking Conference Tokyo 2012

Dis ! C’est quoi un classe-MOOC ?

Voilà une bonne question !open window

Un classe-MOOC c’est la rencontre entre la classe,en tant qu’ensemble d’étudiants-élèves-apprenants regroupés physiquement en un lieu, et un MOOC. Et dans cette rencontre, le MOOC ouvre la classe sur le monde.

– Et alors, la classe pour toi, c’est quoi ?

C’est un endroit où l’apprenant (appelons-le ainsi) apprend. Et comme le dit Philippe Carré « on apprend toujours seul mais jamais sans les autres ». Je vois donc l’organisation de la classe comme cela :

  • Les étudiants collaborent localement (Partager, Communiquer, Collaborer).
  • Ils travaillent dans un contexte disciplinaire, interdisciplinaire ou pluridisciplinaire (Analyser, Créer, Réaliser, Construire, Chercher, Concevoir).
  • Une phase de structuration des connaissances permet de faire ressortir les points essentiels, aussi bien disciplinaires que méthodologiques ou relationnels. Cette étape peut se dérouler seul, en groupe ou en classe entière Comprendre, Conserver, Archiver, Structurer).
  • Les productions sont ré-exploitées, partagées, publiées (Exploiter, Partager, Communiquer).

C’est une vision du modèle centré sur les apprenants que j’ai déjà présentée ici par exemple et voici une représentation graphique de cette organisation :

Modèle centré sur les apprenants

– Et un MOOC, c’est quoi ?

La meilleure explication que je peux te proposer est une petite vidéo (4’27), en anglais, mais elle se comprend bien grâce aux illustrations explicites …

– Mais comment faire le lien entre une classe et un MOOC ? Ça n’a rien à voir !

Effectivement, ça n’a rien à voir. Et c’est justement cette différence, qui est en fait une complémentarité, qui est intéressante. Regarde : Le dernier aspect que nous avons vu sur la classe, c’est que les productions sont publiées, partagées et ré-exploitées. Qui te dit que cette ré-exploitation doit se faire uniquement dans la classe, par les mêmes apprenants ? Si plusieurs classes travaillent, en même temps, sur le même thème, il y a de fortes chances que tout le monde trouve son intérêt à partager son travail pour profiter du regard des autres et générer ainsi des interactions beaucoup plus larges et plus riches que si on se limite à une réflexion interne à la classe.

D’un autre côté, il est possible de faire intervenir simplement des acteurs professionnels qui connaissent bien le thème abordé. Leur participation peut être une petite vidéo, une interview, un (ou plusieurs) article(s) de blog, voire même juste un commentaire de-ci de-là. De toutes petites interactions peuvent apporter une grande richesse sur le contenu produit par les apprenants et soutenir la motivation de chacun durant toute la durée du travail. L’organisation d’un classe-MOOC permet de mutualiser ces interactions et d’en multiplier l’effet. Ça n’est plus une personne qui s’adresse à une classe mais à un ensemble de classes qui sont toutes concernées.

En fait le MOOC offre une occasion d’ouvrir la classe sur le monde !

– Pourquoi ne pas faire un MOOC directement ?

C’est vrai que ça serait plus dans la lignée de ce qui se développe actuellement. Mais je ne crois pas que tous les apprenants ont les compétences de bases requises pour s’engager seul dans un MOOC. Il est donc important de les accompagner, de les soutenir pour qu’ils puissent en tirer un profit optimum. La classe est un contexte connu et rassurant dans lequel la majorité des apprenants ont leurs repères. Les enseignants peuvent jouer ce rôle d’accompagnateur, de soutien : c’est peut-être une nouvelle posture pour beaucoup mais elle est très riche et porte beaucoup de fruits.

– En fait, c’est un peu un MOOC adouci, ou initiatique …

Tout à fait ! Il est adouci parce que le contexte est stabilisant et initiatique parce que l’ampleur des interactions est toute autre. mais je crois que c’est surtout pour l’enseignant que ce sera une initiation. Comme je te le disais,  c’est une nouvelle façon de travailler et une nouvelle relation avec les apprenants : ça fait beaucoup de changements ! Mais aussi beaucoup de plaisir ! Et c’est ce qui me semble essentiel : prendre conscience que l’on prend du plaisir à apprendre et travailler … ensemble …

– Ça me tente bien ton classe-MOOC, ça commence quand ?

Pour l’instant, on prévoit de vivre ça pendant une semaine, à temps plein, durant le mois de septembre. on est en train de voir avec des enseignants d’autres institutions toute l’organisation pratique mais ne t’en fais pas, dès que tout sera ficelé, je te tiendrais au courant !

Crédit photo : Open window CC By andyarthur

Un cours ? Un MOOC ? Non, un ‘classe-MOOC’ !

J’ai participé au MOOC ITyPA et j’ai beaucoup aimé. L’ambiance, la dynamique, l’émulation, les relations, … C’était vraiment une belle expérience, merci à ceux qui me l’ont fait vivre ! Maintenant, je trouverais sympa de proposer à nos étudiants une expérience comparable, mais comment faire ?

ITyPA a été suivi par plusieurs étudiants de différentes écoles d’ingénieurs (Centrale Nantes et Télecom Bretagne) et ils ont exprimé le besoin d’un cadre pour les soutenir dans ce dispositif ‘déroutant’. Nos étudiants de BTS ne seront sûrement pas plus à l’aise, toute la question est alors de voir comment articuler ce cadre. On a deux possibilités :

  1. On crée un MOOC et on organise des temps de rencontre en local pour ‘échanger, expliquer, soutenir …
  2. On construit une formation en présentiel facilement transférable, et on organise autour une dynamique de réseau et d’échange.

Je suis actuellement en train de réfléchir à la deuxième piste. Il faut donc voir comment mettre en place un module facilement transférable puis organiser une couche ‘sociale’ inter-formation.

1 – Une formation en présentiel facilement transférable

Alors ça ! Ça tombe bien ! On a justement un module de rentrée d’initiation au travail d’équipe (quoi de plus transversal ?). L’idée est de faire travailler les étudiants, en groupe, pendant une semaine, sur un sujet d’actualité. La semaine est banalisée pour ce projet.

Il y a deux ans, ils avaient travaillé sur les réseaux sociaux (si vous voulez plus de détails sur la version 2011 du projet, c’est par ici : avant, pendant, après). Un planning avait été établi sur 5 jour (je vous en présente une version simplifié) :

  • jour 1 : constitution des équipes, définition des problématiques d’étude,
  • jours 2 à 4 : construction collective de ressources sur la problématique (carte mentale, quizz, présentation orale),
  • jour 5 : présentation des productions et relecture de la semaine,

Pour que cela soit le plus transférable possible, il faut que le thème d’étude puisse concerner le plus grand nombre de formations. Pour l’instant, j’imagine quelque chose comme :

« open data, big data, long data, quantified self, dataviz : un monde de données ! »

Je pense qu’un tel sujet est d’actualité et peut intéresser aussi bien des ingénieurs que des journalistes, des agriculteurs ou des sociologues (et la liste n’est pas exhaustive !).

2 – Mettre en place une dynamique de réseau étendu

Une fois que le cadre local de la formation est posé et que plusieurs institutions sont positionnées pour participer, il faut créer une dynamique pour que des liens se créent entre étudiants des différentes formations.  Pour cela, on va s’appuyer sur internet et reprendre quelques principes des MOOCs.

Pourquoi ne pas demander aux étudiants de tenir un journal de bord (personnel ou du groupe) sur un blog, par exemple pour présenter son travail et ses découvertes (qui peuvent être en lien avec le sujet d’étude ou ses méthodes de travail ou la dynamique du groupe, ou ….) ?

Les productions étudiants peuvent alors être multiformes (textes, audio, vidéo, graphiques) et publiques. Ensuite, il reste à agglomérer les différents flux en un même espace pour en faciliter l’accès. La mise à disposition des travaux de chacun permet à tous d’y accéder et de créer des liens entre groupes travaillant sur des sujets comparables ou complémentaires.

Dave Cormier dans une de ses présentations sur les MOOC propose une participation qui s’organise en 5 temps, je vous propose ma lecture de ces 5 temps dans un tel ‘classe-MOOC’ :

  • s’orienter : se repérer dans le dispositif. Les enseignants locaux sont là pour rassurer, aider, soutenir les étudiants et expliquer le fonctionnement du dispositif.
  • s’afficher : le premier billet de chaque groupe concerne la problématique choisie pour la semaine, cela devrait permettre de vite créer des liens entre participants.
  • réseauter : il faudra inciter les étudiants à parcourir les travaux de l’ensemble des participants et réagir par des commentaires, des partages de points de vue, … (c’est très facile à dire mais j’ai bien conscience que ça ne se décrète pas: c’est donc un point à travailler)
  • se regrouper : une fois que les liens entre les différentes problématiques proposées seront repérés, il est dans l’intérêt des étudiants de s’appuyer sur les travaux des autres groupes. On n’est pas dans le ‘copillage’ mais dans la co-ellaboration.
  • se fixer des objectifs : La problématique est déjà définie, mais quelle est la production la plus adaptée pour présenter notre travail ? En quoi notre travail est complémentaire des autres productions et apporte une richesse par son point de vue spécifique ?

la dynamique ainsi proposée est d’avancer tous ensemble pour progresser tous ensemble.

3 – Mais pourquoi monter un tel dispositif ?

D’abord, pour développer des compétences nécessaires au 21è siècle : écrire en ligne, se construire un réseau, utiliser un réseau social pour travailler, chercher de l’information de qualité et collaborer en présence et à distance. Je trouve que cela fait déjà beaucoup de bonnes raisons, non ?

Ensuite, pour intégrer à ce dispositif n’importe quel professionnel qui souhaiterait apporter sa contribution, même minime, au projet. Il serait aussi intéressant d’avoir quelques interventions au cours de la semaine (vidéo, billet de blog, tout est possible …). J’aimerai bien par exemple, avoir le point de vue d’un élu sur l’open data, d’un sportif sur l’utilisation des données pour améliorer ses performances, d’un journaliste sur l’évolution de son métier avec l’émergence du journalisme de données, … pas vous ?

De plus, la participation d’acteurs professionnels donnerait du crédit aux travaux de nos étudiants et c’est une source importante de motivation.

4 – Et ça se concrétise quand ?

L’idée est de proposer ce dispositif pour la mi-septembre (parce que c’est la période qui convient bien pour notre BTS). Maintenant, si une pression est très forte pour le proposer à un autre moment, on peut toujours en discuter.

il y a quand même quelques détails à approfondir :

Quelle solution adopter pour agréger les flux ?

Faut-il une plate-forme spécifique, dans l’esprit de ce qui s’est mis en place pour ITyPA ?

Il me semble essentiel de proposer un ‘guide du prof’ pour présenter les objectifs, expliquer la démarche, les aider et les soutenir dans leur appropriation du dispositif. pour cela, j’attends toutes vos questions !

Voilà, l’idée est lancée, maintenant, si vous êtes intéressés, manifestez-vous. Ce sera avec plaisir que nous construirons ensemble ce projet !
Si vous ne savez comment participer, vous pouvez toujours apporter votre enthousiasme : c’est énorme ! 😉