Que peut-on apprendre d’un entraineur de natation ?

Fabrice Pellerin a été élu entraîneur de l’année. Il a basé son travail sur la confiance, la variété et l’humour. Voyons, à travers quelques extraits d’interview comment cela se vit et comment cela peut se transposer à toute formation …

Fabrice Pellerin a été élu entraîneur de l’année. Vous le connaissez ? non ? mais vous connaissez peut-être ses poulains, Yannick Agnel et Camille Muffat, tous les deux champions olympiques de natation à Londres. Quelques citations de différentes interviews (les siennes ou celles des nageurs) me paraissent très riches pour tout enseignant. Voyons quelques points caractéristiques de leurs pratiques pour arriver à ce résultat remarquable …

Piscine CC-BY Petit_Louis

1 – La confiance

« Si un truc nous relie aujourd’hui, c’est la confiance. » C’est cette confiance qui lui permet d’exiger des nageurs des efforts extrêmes : « Ce que sais, c’est que, tous les matins, j’étais à 7 heures dans l’eau (…) et que, tous les soirs, j’étais morte. » (C. Muffat) Quelle relation entretenons-nous avec les étudiants ? Comment créons-nous un climat de confiance ? Il me paraît essentiel de présenter, expliquer, justifier notre démarche pour que les étudiants s’approprient les objectifs et s’impliquent dans leur travail. L’idée est louable, dans la pratique, l’utilisation d’un syllabus peut faciliter cet échange et cette appropriation qui permettront l’engagement. C’est bien ce que dit Y. Agnel : « ses séances poursuivent toujours un objectif précis. Moi, j’ai besoin de comprendre ce que je fais pour progresser«  …

2 – L’humour

« Tout se fait toujours dans la bonne humeur, on rigole vraiment pas mal, Fabrice le premier » (C. Muffat) J’avais déjà parlé de la pédagogie de la bonne humeur, cela me paraît toujours aussi important : avoir une relation vraie, d’abord humaine avant d’être professionnelle, permet de nourrir la confiance.

3 – La variété

« Il faut créer tous les jours pour que ça reste intéressant pour eux. Ils ont toujours la tête sous l’eau. Aucune longueur de bassin ne doit ressembler à une autre. » Ce principe de variété doit aussi s’appliquer dans toute formation : si l’on veut l’adhésion des étudiants, nous devons leur proposer des approches variées, que ce soit au niveau du contenu, de la méthode, de l’organisation, tout est possible. « C’est ce qui m’a plu dans sa méthode, la diversité«  (Y. Agnel) Et il me semble que ce sera toujours plus facile, quelle que soit la discipline, que de varier les longueurs de bassin …

Si on regarde du point de vue de l’entraineur (ou de l’enseignant), c’est une source de motivation incontestable : « je ne suis pas tenté de reproduire des recettes ou de fonctionner avec les sensations que j’aurais encore en tant que nageur. Je suis dans la création pure, dans l’innovation, dans la recherche d’un nouveau modèle. D’ailleurs, je ne ferais pas ce métier si je ne pouvais pas y apporter ma patte, ma sensibilité« . Et cette motivation personnelle de l’enseignant me semble tout aussi importante et motrice pour toute une promotion !

4 – La reconnaissance

Le salaire n’est pas la seule ficelle : le maire de Nice, lui a promis avant les Jeux la gestion d’un bassin moderne censé voir le jour en 2013. «C’est une forme de reconnaissance et d’aboutissement», dit-il, se voyant enfin à la tête d’une structure du style de celles qui existent déjà en Australie et aux Etats-Unis. Cela ne dépend certes pas des enseignants mais bien de l’institution : comment reconnaît-on l’investissement d’un enseignant ? Cela pourrait faire l’objet de tout un débat qui serait sûrement très riche …

Enfin, je laisse à ce grand entraîneur le mot de la fin : « il faut que chaque jour le nageur rentre chez lui en se disant ‘Vivement demain’«  … Qu’en est-il de nos étudiants ? Que se disent-ils en rentrant le soir chez eux ?