J’ai récemment fait le point sur ma démarche d’apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d’ITyPA2 et je constate qu’il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie ouverte que je prône comme démarche pédagogique. Il me semble utile de se pencher sur cet écart pour l’identifier, l’analyser et le comprendre.
1 – Comment j’apprends ?
Mon apprentissage (détaillé ici) s’organise en trois temps :
- repérage des informations ou situations qui méritent d’être creusées,
- analyse, approfondissement, confrontation à mes connaissances du moment,
- formalisation.
Une fois appropriés et formalisés, je partage à mon réseau ces nouveaux apprentissages (parce que cela les intéresse peut-être …)
J’ai représenté cette démarche comme suit :
Si l’on décortique cette approche à partir du modèle pragmatique de Marcel Lebrun, on peut faire l’analyse suivante
- Les informations viennent de mon réseau, de mes pratiques ou de mes lectures
- L’activité consiste à analyser cela pour le mettre en perspective avec ce que je maîtrise déjà. Ces nouveaux liens facilitent la mémorisation.
- La production est sous vos yeux, c’est ce blog !
- Les interactions sont régulières avec mon réseau : je me nourris de ce que mes ‘proches’ me partagent, j’écoute leurs remarques et critiques sur mes idées et j’apporte, de temps en temps, mon point de vue à leurs réflexions.
- La motivation, je l’ai ! Elle est intrinsèque. J’aime apprendre et comprendre comment aider à apprendre !
2 – Comment j’enseigne ?
Je suis convaincu que la pédagogie ouverte (présentée ici à partir d’un exemple) est une possibilité intéressante pour développer des compétences de haut niveau et impliquer les apprenants.
Si l’on reprend la même grille d’analyse, on retrouve :
- Les informations sont sous licences libres, sélectionnées par l’enseignant, accessibles à tout le monde et de partout.
- L’activité est variée : projet, problème, étude de cas, enquête …
- Les productions sont tout aussi variées, elles peuvent exploiter les possibilités des TIC (vidéo, carte mentale, blog, wiki,…) ou être des produits finis dont la plus-value est reconnue par les apprenants.
- Les interactions se passent dans les groupes de travail, dans la classe mais aussi avec le reste du monde. C’est pour cela que la pédagogie ouverte met en avant les partenariats et envisage l’utilisation des réseaux sociaux …
- La motivation est développée en montrant les processus d’apprentissage (pour donner du sens), en proposant des travaux de groupe et en impliquant les apprenants dans la formation en leur offrant des choix.
3 – Comparaison
Si l’on compare les deux approches, un premier aspect saute aux yeux. Si je suis personnellement motivé pour apprendre (de façon implicite), je dois susciter cette motivation (explicite) chez les étudiants en jouant sur les leviers repérés (sens et valeur des tâches proposées, challenge des apprenants, liberté de choix et responsabilisation dans la formation).
Un deuxième aspect ressort mais de façon plus discrète : un apprenant n’a pas spontanément toutes les compétences nécessaires pour apprendre en autonomie et diriger sa formation. Le dossier sur les compétences du 21è siècle de l’observatoire compétences-emplois analyse plusieurs grands référentiels internationaux. Il repère que les compétences visées par la majorité de ces référentiels sont la collaboration, la communication, les compétences liées aux TIC, les habiletés sociales et culturelles, la citoyenneté, la créativité, la pensée critique, la résolution de problème et la capacité à développer des produits de qualité. Nombre de ces compétences sont indispensables pour apprendre en autonomie…
Ce rapport note aussi que l’intégration de ces compétences nécessite des conditions favorables :
- « L’apprentissage basé sur la résolution de problèmes, la collaboration, l’expérience et l’évaluation formative »,
- Les formateurs doivent non-seulement faciliter l’acquisition de ces compétences mais aussi les maîtriser,
- « Tous les acteurs (décideurs politiques, le monde des affaires, les leaders en milieu scolaire, les concepteurs de contenus, les organisations professionnelles, les institutions de formation des maîtres, les chercheurs du domaine de l’éducation, les directions d’écoles, les parents, les familles, …) doivent être mis à contribution dans l’implantation des compétences du 21e siècle ».
Il me semble ainsi normal d’utiliser un chemin spécifique pour enseigner, différent de l’apprentissage en autonomie. Ce chemin a pour visée le soutien de la motivation et le développement des compétences spécifiques. Cela rejoint l’apprentissage de la lecture : quand on sait lire, on lit de façon globale alors que l’apprentissage passe par une phase d’analyse syllabique …
17 décembre 2013 à 9:28
[…] J'ai récemment fait le point sur ma démarche d'apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d'ITyPA2 et je constate qu'il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la… […]
17 décembre 2013 à 10:18
[…] J'ai récemment fait le point sur ma démarche d'apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d'ITyPA2 et je constate qu'il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie o… […]
18 décembre 2013 à 7:37
Je voudrais faire une remarque sur la dernière phrase de l’article : « Cela rejoint l’apprentissage de la lecture : quand on sait lire, on lit de façon globale mais l’apprentissage doit se faire de façon syllabique… » Qui a dit qu’on « doit » commencer de façon syllabique ? On ne lit pas quand on cherche à faire le bruit que font des syllabes. C’est parce qu’une information écrite a du sens qu’il devient intéressant de cherche à la reconnaître (globalement) et à trouver le sens d’informations nouvelles par comparaison avec celles qu’on connaît déjà, par l’analyse. Bien sûr, il y a beaucoup de syllabes dans les premiers temps de l’apprentissage de la lecture, mais elles doivent être le produit de l’analyse, pas le début de la lecture qui est le sens, global ou pas.
18 décembre 2013 à 10:15
Bonjour Jean-Pierre,
et merci pour ces précisions sur l’apprentissage de la lecture et la place de l’analyse syllabique à ses débuts. J’ai modifié la fin de l’article pour prendre en compte votre remarque …
18 décembre 2013 à 9:20
[…] J'ai récemment fait le point sur ma démarche d'apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d'ITyPA2 et je constate qu'il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie ouverte que je prône … […]
19 décembre 2013 à 12:34
[…] Pourquoi je n’enseigne pas comme j’apprends […]
19 décembre 2013 à 12:45
Bonjour Jacques, je te suis dans le décalage que tu soulignes entre la pédagogie ouverte et ses pré-requis. Cependant, et c’est vraiment un tout début de réflexion, je me demande comment permettre aux élèves d’être autonomes sans les laisser être autonomes? (et cependant, comment éviter qu’ils ne se perdent?) Qu’appelles-tu « chemin spécifique »? N’y a-t-il pas derrière cette idée un peu de pédagogie par objectif? L’autonomie, l’esprit critique peuvent-ils être des « compétences spécifiques », que l’on traiterait comme à part, en avant d’autres compétences que mettrait en jeu la pédagogie ouverte? L’idée d’associer une large communauté éducative à la construction de ces compétences est certainement très innovante, comment articuler « l’action pédagogique » du prof et « l’action » peut-être plus « éducative », des autres?
19 décembre 2013 à 5:40
Bonjour Élodie,
Merci de partager ton questionnement, Voici quelques éléments de réponses, un peu en vrac …
1 – Première précision : j’ai travaillé sur la pédagogie ouverte alors que j’enseignais en BTS, donc avec des étudiants de 18-20 ans. Cela influe sur certains points de vue qui ne sont pas forcément transférables avec toutes les tranches d’âge.
2 – J’avais trouvé une phrase qui me plaisait bien (mais qui n’est plus en ligne) qui disait : « il faut laisser errer mais ne pas laisser échouer ». Je crois que tout est là : donner une certaine autonomie tout en étant toujours présent pour éviter l’échec. Cela nécessite donc de prévoir des points d’étapes (plus ou moins formels) pour s’assurer que les apprenants avancent dans une bonne direction (qui n’est peut-être pas LA bonne direction, mais il faut les laisser poursuivre leur idée puis prendre le temps de relire à postériori leur cheminement). En partageant la variété des démarches suivies par les différents élèves ou groupes, on s’assure un enrichissement de chacun, y compris de l’enseignant qui découvrira des cheminements insoupçonnés.
Ainsi, le « chemin spécifique » est un peu celui où on laisse à l’élève une certaine maîtrise sur la direction à suivre en l’accompagnant pour éviter l’échec et en l’aidant à relire le vécu et en tirer des conclusions sur la pertinence des démarches.
3 – Je ne crois pas que l’autonomie et l’esprit critique soient des compétences à part. Comme toutes compétences, elles se travaillent dans un contexte. La pédagogie ouverte propose de choisir/construire ce contexte pour qu’il soit adapté aux besoins et aux objectifs.
4 – Les partenariats que j’envisage dans la pédagogie ouverte tiennent à la fois du contexte et de l’acte éducatif. Savoir que le projet que l’on mène intéresse un industriel, qu’une journaliste suit notre travail et prend le temps de venir nous rencontrer pour nous parler de son approche le sujet traité en cours, voilà des sources de motivation ! Cela donne du sens et du crédit aux activités proposées. Cela permet de confronter les exigences des enseignants aux réalités du monde du travail. C’est par l’ouverture que ces partenariats offrent aux étudiants qu’ils sont éducatifs. C’est un peu dans le prolongement de ce que je disais il y a trois ans, mais c’est encore à approfondir…
Bon cheminement !
19 décembre 2013 à 6:30
L’enseignement, au delà du contenu dispensé et des compétences stimulés, joue un rôle social. Il est créateur de lien, agitateur d’esprit et espace de confrontation. L’apprentissage est solitaire et subjectif quoi qu’il advienne. L’enseignement et l’apprentissage ne s’opposent pas… un peu comme l’autonomie et la dépendance… Selon les situations, on a besoin que l’on nous enseigne pour apprendre, surtout face à l’arbitraire des mots (Ferdinand de Saussure), surtout quand on est jeune et pas tout à fait autonome.
20 décembre 2013 à 5:47
Bonjour Masie,
et merci pour ton commentaire pertinent ! J’aime beaucoup le rôle social de l’enseignement. Cela rejoint l’enseignement mutuel où chacun est tour à tour enseignant et enseigné…
Quoi qu’il en soit, ta remarque me nourrit : tu m’enseignes et j’apprends 😉 En espérant que la réciproque arrive un jour … Merci !
2 janvier 2014 à 2:08
[…] J’ai récemment fait le point sur ma démarche d’apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d’ITyPA2 et je constate qu’il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie ouverte que je prône comme démarche pédagogique. […]
5 février 2014 à 2:39
[…] Pourquoi je n’enseigne pas comme j’apprends […]
7 mars 2016 à 5:37
[…] définitions glanées sur des blogs d’enseignants en ligne ICI , LA et enfin […]
3 juin 2016 à 4:49
[…] “J'ai récemment fait le point sur ma démarche d'apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d'ITyPA2 et je constate qu'il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie ouverte que je prône comme démarche pédagogique. Il me semble utile de se pencher sur cet écart pour l'identifier, l'analyser et le comprendre. 1…” […]
3 juin 2016 à 7:33
[…] J'ai récemment fait le point sur ma démarche d'apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d'ITyPA2 et je constate qu'il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie ouverte que je prône comme démarche pédagogique. Il me semble utile de se pencher sur cet écart pour l'identifier, l'analyser et le comprendre. 1… […]
4 juin 2016 à 1:48
[…] “ J'ai récemment fait le point sur ma démarche d'apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d'ITyPA2 et je constate qu'il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie ouverte que je prône comme démarche pédagogique. Il me semble utile de se pencher sur cet écart pour l'identifier, l'analyser et le comprendre. 1…” […]
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30 juillet 2019 à 4:46
[…] Par contre, je suis convaincu que nos élèves ne sont pas spontanément des apprenants individuels distribués et ne savent même pas quel est leur modèle d’apprentissage préféré. Ainsi, quel que soit le modèle qui leur convient, il faut les accompagner pour les faire progresser vers une démarche d’apprentissage en continu, construite et autonome. Et il me semble que le modèle collectif hiérarchique (que j’avais modélisée sous le nom de pédagogie ouverte) est le plus adapté pour mettre en place cet accompagnement. J’avais d’ailleurs abordé ce distingo entre le modèle d’apprentissage pour moi et celui pour des élèves dans cet article : Pourquoi je n’enseigne pas comme j’apprends ? […]
25 juin 2020 à 1:52
[…] Pourquoi je n’enseigne pas comme j’apprends. J’ai récemment fait le point sur ma démarche d’apprentissage en réalisant un schéma dans le cadre d’ITyPA2 et je constate qu’il apparaît, dans une première approche, assez éloigné de la pédagogie ouverte que je prône comme démarche pédagogique. Il me semble utile de se pencher sur cet écart pour l’identifier, l’analyser et le comprendre. 1 – Comment j’apprends ? Mon apprentissage (détaillé ici) s’organise en trois temps : repérage des informations ou situations qui méritent d’être creusées,analyse, approfondissement, confrontation à mes connaissances du moment,formalisation. Une fois appropriés et formalisés, je partage à mon réseau ces nouveaux apprentissages (parce que cela les intéresse peut-être …) J’ai représenté cette démarche comme suit : Mon EAP en 2013 Si l’on décortique cette approche à partir du modèle pragmatique de Marcel Lebrun, on peut faire l’analyse suivante 2 – Comment j’enseigne ? […]
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14 décembre 2021 à 12:43
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